Hatred for Mankind

Artiste : Dragged Into Sunlight

Origine : Royaume-Uni

Date de sortie : 2009

Genre : Boss Final

Dragged Into Sunlight, VOUS-N’ÊTES-PAS-PRÊTS.

Personne ne l’est. J’ai écouté cet album des dizaines de fois et je suis toujours pas prêt.

On galvaude beaucoup le qualificatif « violent » quand on parle de la musique Metal. Je pense que dans 95% du temps c’est totalement creux, pour la simple raison que la notion de violence évoque quelque chose que tu subis sans consentement. La musique Metal, tu choisis de l’écouter ; ce n’est pas une intensité sonore qui te prend par surprise ou par la contrainte.

Enfin, sauf à Guantanamo, mais passons. (la bise à tous nos amis Etats-uniens qui viennent de rétablir la « démocratie » au moment de l’écriture de cette chronique)

Et puis, il y a tellement d’adjectifs plus parlants pour décrire la musique Metal : « intense », « forte », « épique », « technique », « lourde »… Mais avec Dragged Into Sunlight, je dois m’avouer vaincu. Leur musique est tout cela, mais elle est aussi foncièrement violente, parce qu’elle parle de violence. Rien que la pochette, immonde et franchement choquante, met la barre assez haut. C’est loin d’une illustration de goregrind et pourtant bien plus malaisant.

Hatred for Mankind est le premier album de ce collectif mystérieux, dont les membres sont anonymes mais certainement pas des débutants. Chaque moment, chaque seconde de ce monstre sonore établit clairement que ses géniteurs ont parfaitement digéré toutes les franges du Metal Extrême pour pondre quelque chose de technique, cohérent et furieux.

Pourtant le début est plutôt abordable ; ça commence sur un enregistrement de Charles Manson – un motif récurrent tout au long de l’album, les samples de tueurs en série -, un riff d’ouverture bien lourd comme un début de chanson de Death Metal, la batterie s’échauffe… Et là une espèce de bête aboie des espèces de borborygmes gutturaux. Incompréhensibles, mais clairement pas très amicaux. Plutôt menaçants, comme si tu lui devais de l’argent. Puis, un petit drop de batterie et c’est parti pour la chevauchée de ta vie.

Tout l’album est un enchaînement ininterrompu de plans de génie ; lents, rapides, mid-tempo, des trémolos de guitare entre Death et Black, des riffs écrasants, tous les patterns de batterie y passent et le mec TAPE sur les fûts comme un garde-chiourme des enfers. Et ces cris du chanteur… Ca va du cri déchirant aux sons caverneux, toujours avec un timbre entendu nulle part ailleurs. Ca emprunte au Pig Squeal et au chant plus Hardcore et déchiré sans y tomber complètement ; du grand art vocal.

Si vous aimez Primitive Man, Body Void ou Lord Mantis… Oubliez-les. Dragged Into Sunlight les enterre tous. Ils mélangent tous les éléments de toutes les franges du Metal Extrême et y injectent la hype totale que seul le Hardcore sait éveiller. Une espèce de Blackened Sludge dopé aux stéroïdes pour éléphants.

Si je devais retenir quelques passages :

  • Le cri déchirant qui te donne envie, toi aussi, de hurler à pleins poumons au milieu de Buried With Leeches suivi par un mur de riffs syncopés,
  • La montée en puissance de la batterie à 2:00 de Volcanic Birth qui te mène à une vague de strumming black metal de la hype totale, pour ensuite te piétiner avec un breakdown de ses grands morts,
  • Le sympathique Lashed to the Grinder and Stoned to Death, qui te sert aussi bien des déferlantes de blast beats que des passages poisseux dignes du Sludge le plus discourtois et le plus mal peigné qui soit.

Cet album, c’est un Boss Fight. Le Boss Fight ultime, celui du True Last Boss. C’est une longue séquence de déferlantes sans répit, ça te maintient sous un taux d’adrénaline constant et déraisonnable, obligé d’être toujours en alerte pour déceler les pièges, et ça change régulièrement pour passer dans d’autres patterns qu’il te faut apprivoiser pour ne pas être écrasé. Et ce, jusqu’à la dernière piste…

En général, quand tu viens à bout du Last Boss, y’a toujours une séquence avec un bruit industriel ou une sirène, qui indique qu’il faut s’barrer avant que tout pète. Dans Totem of Skulls, tu es peut-être au bout du chemin mais la Bête n’a pas été battue. Elle t’a laissé là, seul au milieu des ombres, aveugle, obligé d’écouter des vieux enregistrements d’un tueur qui philosophe, entre les sifflements et les grincements poisseux du tunnel qui t’entoure… Le bon gros malaise.

Ces cinquante minutes passent d’une traite et sont tellement prenantes que quand elles sont finies, c’est comme si on se réveillait d’un coup, comme si enlever son casque était un moyen de sortir des ténèbres et de revenir au monde réel… Tracté dans la Lumière.