Omnious

Artiste : Lake of Tears

Origine : Suède

Date de sortie : 2021

Genre : Gothic Doom

Dix longues années d’attente, dix longues années à ne pas savoir si c’en est fini définitivement de Lake of Tears ou pas, au vu du 1er hiatus que le groupe a annoncé après le magnifique et l’inoubliable Forever Autumn et le délai de sorti des albums qui s’allonge chaque fois un peu plus à partir de Black Brick Road!

Au bout de cette longue période (oui parce que l’album live ne compte pas! Scrogneugneu!) la bande à Brennare nous revient pour de bon, à force de moult teasers depuis l’année dernière, avec ce magnifique calamaropus à la fois sombre et poétique, cette poésie froide, aérienne et mélancolique dont seul Lake of Tears a le secret.

Ne vous laissez pas méprendre avec le son électronique à grand renfort de nappes synthétiques à la Neonai de At The Destination, car dès le second morceau, In Wait and In Worries, nous retrouvons le son de piano inquiétant et l’atmosphère sombre des lieux hantés propre à l’univers habituel de Lake of Tears. Puis arrivent la guitare lente, hypnotique et les touches de violon par ci, par là, nous ramenant plus de 20 ans en arrière, vers les terres de désolation, emprisonnées à jamais dans une automne perpétuelle, les terres des corbeaux, là où disparu dans la nuit les Cosmic Sailors jadis. La fin du morceau ne laisse aucun doute quant à la suite de l’album, à leur retour vers les premiers amours, les bases musicales des premiers jours du groupe ainsi que la thématique qui n’arrête pas de hanter les albums du groupe depuis le début: le voyage cosmique, la lune avec le ciel comme une mer infinie et remplie de secret.

Cosmic Sailor

Et ils ne mentent pas! A partir de Lost in the Moment, quelle douce délice que de retrouver ces riffs lents, épais, parfois menaçant, accompagnés de la voix lancinante et expressive, toujours parfaitement dosée, de Daniel, à la manière de l’unique Greater Art. Ces belles structures tirant la lenteur et la gravité des racines doom, puis les associer avec perfection à l’éthéré ondulante du psychédélique et la mélancolique du gothique, cette sauce cosmique délicieuse qu’ils nous ont habitué jusqu’au Forever Autumn.

Omnious est, à bien des égards, l’album du retour au source après un Illwill dynamique, métallique, sauvage et parfois agressif, bien loin de la poésie froide dont Lake of Tears nous a habitué. Ici, nous retrouvons la beauté sombre et menaçante de la période Greater Art/Headstones, la dynamique folle de A Crimson Cosmos, la mélancolie à fendre le cœur d’un Forever Autumn, parsemé de la nonchalance présente chez Black Brick Road ou même sur Moon & Mushroom. Et sur le dernier morceau, In GloomDaniel nous régale de ce sifflement sec et sinistre qu’on a pu entendre sur le fameux Raistlin and the Rose.Tout l’album est une hymne à la désolation avec riffs lents et épais, des passages de synthé tour à tour solennel et grave, puis aérien et léger, on retrouve les interventions lancinantes du violon, puis des transitions entre lourdeur menaçante et lâcher prise nonchalance avec les jolis passages à la guitare sèche, en finissant sur une tranquillité pleine de désespoir, la résignation.

Now everything is breaking
Crumbling to dust
Still we keep on going
Fail we may, sail we must

Everything is breaking
Crumbling to dust
Everybody’s going
All things must pass
All thing must pass!*

La boucle est bouclée!

(*Phrase se trouvant dans les paroles de So Fell Autumn Rain)

Daniel Brennare