P.O.S.E.U.R. : le War Metal

Bienvenue à la section des Pratiques Orientées du Style Éclairé et Universel du Riff – ou P.O.S.E.U.R. pour les intimes. Dans ces colonnes, on s’amusera à décrypter des tropes de mode vestimentaire dans le Métale, avec du travail bâclé et peu sourcé, de l’humour douteux et des clichés d’époque.

Le War Metal, c’est naze. C’est le principe, les aficionados eux-mêmes le revendiquent. C’est une des formes les plus bourrines et les plus primaires du Metal, en tout cas dans le rendu souhaité, plaçant le Riff de Néanderthal décérébré au-dessus de toute autre vertu. C’est un sous-genre du Metal Extrême, une engeance empruntant beaucoup à la première vague du Black Metal, au Death Metal et aux groupes de Thrash Metal extrême des années 80 comme Sodom.

Assez logiquement, le War Metal porte révérence aussi bien musicalement que stylistiquement à quelques grandes figures tutélaires : Lemmy Kilmister de Motörhead, la bande de loubards adolescents de Sarcofago, ou encore l’immense Thomas Gabriel Fisher, dit « Tom G Warrior ».

Les éléments de style que l’on y retrouve le plus souvent sont en fait communs avec le reste du Black Metal : bracelets à clous démesurés et ceintures cartouchières, histoire de montrer qu’on est des bonhommes. Et le fait de reprendre le fameux « OÜGH » de Tom G Warrior à chaque fin de phrase est considéré comme la plus élémentaire politesse dans les dîners mondains avec vos Wär Brös.

Un grand classique parmi les classiques de Celtic Frost, avec ses riffs vicieux, ses changements de rythmes, ses ambiances et ses OÜGH !

Un élément beaucoup plus remarquable est le masque à gaz. Il faut bien reconnaître que rien ne crie mieux « 3e guerre mondiale » ou « Apocalypse » qu’un soldat avec un masque à gaz. Un cliché bien connu de cette imagerie est la mascotte de Sodom, groupe allemand qui était reconnu comme l’un des plus bourrins et des plus « Evil » de son époque (milieu des années 80).

Couverture du classique « Agent Orange » de Sodom (1989). On peut difficilement faire plus « c’est la guerre ».

Certains artistes de War Metal incarnent cette esthétique jusqu’au bout en posant ou carrément en jouant avec masque à gaz, sans complexe.

En soi c’est simple : Rangers, treillis, t-shirt Blasphemy, ceinture cartouchière, bracelet à piques et masque à gaz, et vous voilà fin prêt pour chiller avec vos potos avec classe et bon g’OÜGHt.

Yxxan, la seule femme tenant un one-woman-band dans le genre War Metal à ma connaissance, adopte un style plus épuré : tout en noir, deux ceintures de bastos, débardeur Revenge et le petit opinel pour ouvrir les huîtres.

Mais que mettre dans votre playlist pour le trajet, que l’on effectuera de préférence en tank ?

Certains grands noms du War Metal se trouvent assez aisément : Blasphemy (Canada), Marduk (Suède), Archgoat (Finlande), Blasphemophagher (Italie)… Mais ne cédons pas à la facilité. Cherchons un peu d’originalité voulez-vous, ce qui dans un genre aussi monolithique n’est pas mince affaire.

Une caractéristique extra-musicale qu’on trouve souvent dans le War Metal est une idéologie rigoriste quant au fait de ne faire que du « vrai » Metal primitif, loin de toute notion de mélodie ou de compromission indue comme le fait de jouer deux accords différents dans une même chanson. Mais cela va, sans surprise, souvent de pair avec un idéal viriliste centré sur la force voire la brutalité, et il n’est pas rare de tomber sur des imageries proches d’idéologies orientées à 45 degrés en direction du Reichstag. Soit par conviction, soit par complaisance mal informée pour tout ce qui est « extrême » et « rebelle », soit par fascination malsaine pour la violence de la guerre et la martialité de manière générale…

Alors juste pour l’exercice et pour être original, voici une petite playlist de groupes de War Metal gauchistes. Les riffs n’en sont pas moins vicieux, c’est toujours pareil et toujours neuneu de toute façon. Je vous laisse donc apprécier la délicieuse subtilité de Sankara, Baneblade, Yxxan ou encore Periodeater.

Periodeater. Soit le budget n’y est pas, soit ils se foutent de notre gueule…