Artiste : Spaceslug
Origine : Pologne
Date de sortie : 2021
Genre : Stoner Doom, Space Sludge
Chaque année c’est la même chose : je passe les onze premiers mois à écouter et réécouter du Black Metal, parfaitement content de rester prostré dans l’obscurité de ma tanière à entretenir ma soyeuse chevelure et à soigneusement éviter toute interaction sociale inutile.
Et puis vient Décembre et avec lui, va savoir pourquoi, les sorties aux saveurs Stoner / Psychédélique que j’affectionne le plus. Je passe alors la fin de l’année à dodeliner sur des riffs lourds et groovy, à m’habiller avec des couleurs, à être peace avec mon entourage qui se méfie à juste titre de ce soudain revirement. La faute à l’esprit de Noël, marrons chauds et santons j’imagine. Le Sarouel pourrait me pousser aux jambes si je faisais pas gaffe.
Quoi qu’il en soit, la sortie « Stoner Psyché de l’espace » qui retient toute mon attention ces derniers temps est Spaceslug. Je ne l’attendais pas forcément car il a été annoncé peu de temps avant sa sortie, et pour cause rien ne garantissait aux Polonais de pouvoir sortir du matériel de long format après avoir vu leur studio et une bonne partie de leur matériel entièrement noyés sous un dégât des eaux plus tôt cette année. Mais ce revers n’a visiblement pas entamé la productivité du trio à qui l’on doit peu ou prou une sortie minimum par an depuis leur formation.
Spaceslug c’est un son un peu à part dans cette immense scène Stoner / Psyché ; leur signature est d’emmener doucement l’auditeur en voyage avec des riffs épais mais aériens, un socle de basse ronde et des claviers, des chants clairs et suaves en choeurs, des montées en puissance… Qui se concluent en gros riffs écrasants et en chant hurlé. Bref, c’est quelque part entre Stoner Psyché, Post-Rock et Sludge ; du Space Sludge en somme.
Ce tout dernier album, Memorial, garde ce son caractéristique mais a une structure légèrement différente. Les compositions sont plus directes et entières ; du riff épais il y en a toujours, mais chaque chanson est assez homogène, soit très atmosphérique et psyché, soit très sludge et époumonnée. Follow This Land ou Lost Undone sont de la première catégorie, les voix claires nous emmenant loin sur la base de riffs puissants et de grooves dynamiques, In the Hiatus Fall ou Of Trees And Fire vous feront headbanger jusqu’au sol avec leur Sludge intense. Deux pistes sortent du lot : le très progressif Spring of the Abyss avec sa montée en puissance qui déboule sur un des riffs les plus accrocheurs et dévastateurs de l’année est l’exception qui confirme la règle, et la conclusion At The Edge of Melting Point est une singulière ballade gothique où les influences Cold Wave du groupe se font évidentes. Sans déconner le chant me fait penser à She Wants Revenge qui déclamerait du Antonin Artaud une clope au bec.
Globalement, si Memorial n’a pas le parfait équilibre, la parfaite progressivité de son prédécesseur Reign of the Orion, c’est un album plus franc du collier et très accrocheur pour tous amatrices et amateurs de Stoner, de Sludge et de Post-Rock. Riffs puissants et bien calibrés, chants variés, production excellente, l’album est un vrai voyage et une parfaite porte d’entrée à la discographie de Spaceslug. En ce qui me concerne, il tourne en boucle depuis son arrivée et il va m’accompagner pendant encore longtemps.