Messa
Jouant Close sur la grande et la petite scène, live @ Roadburn 2022
Crédit photo : Ben Foden
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Aujourd’hui, au Roadburn Festival, j’ai vu Tony Iommi.
Non, je ne parle pas d’un concert surprise absurde – quoique, au moment où j’écris ces lignes le festival n’est pas terminé, alors qui sait.
Pour être plus précis, j’ai vu une version 2022 du Tony Iommi de 1969. Jeune guitariste, élégamment vêtu d’un blouson en cuir à larges rabats typé 70’s, de longs cheveux ondulés. Le gars joue sur une Gibson, envoie des riffs puissants et groovy mais avec un touché Jazzy, n’hésitant pas à taper des petits solos et des impros de-ci, de-là.
Cet homme est en réalité Alberto, guitariste de Messa. Vous me voyez venir, mais Messa sont loin de n’être qu’un clone ou un reboot du Sabbath des années 70. Par contre je pense qu’ils sont parmi les meilleurs héritiers de ce patrimoine vivant, le portant et le retravaillant avec talent.
Bon, à moins d’avoir vécu dans une grotte sans eau courante et pire, sans la 5G ces dernières semaines, vous avez entendu parler de Messa et écouté leur très justement plébiscité album Close. Et si ce n’est pas le cas, réparez-moi cette injustice séance tenante. Allez donc écouter Close.
Rien que leur présence parmi la prestigieuse liste des headliners à se produire sur la grande scène du Roadburn en dit long sur leur ascension, et leur ambitieux set jouant Close en entier avec tous les arrangements, tous les instruments et donc les musiciens additionnels a largement justifié l’engouement dont ils font l’objet. La performance était parfaite, digne de la force évocatrice et de la portée de l’album, sans aucun faux-pas, chargée d’émotions.
Mais j’aimerais surtout m’attarder sur le second concert qu’ils ont joué le lendemain, le concert surprise sur la petite scène du skatepark. Parce qu’à ce moment-là, on a pu voir d’autres raisons pour lesquelles ce groupe est formidable.
Les voilà, tous les quatre, à hauteur de regard du public, prêts à envoyer le bois et avec beaucoup moins de pression. Leur “grand moment” s’était merveilleusement bien passé, ils avaient galvanisé la grande scène comme des pros, et là le seul enjeu était de jouer et de s’éclater. Et que le Grand Rondoudou me damne si ce n’était pas l’éclate.
La setlist étant plus mélangée entre Close et leurs précédents albums, le maître mot était rock’n’roll. Les riffs abrasifs d’Alberto, ce jeu lascif qui sent bon les seventies de Led Zep, cette touche de folie dans la section rythmique de Rocco (batterie) et Marco (basse).
Une différence plus que notable avec le Black Sabbath de la “génèse” est que Messa n’ont pas un Ozzy complètement allumé et survolté au micro. Et les Sab’ n’avaient pas Sara. Ils n’avaient pas sa voix puissante et claire, son chant envoûtant. Le jeune Ozzy n’avait pas son port altier et sa lumineuse prestance. Chantant aussi majestueusement sur une rampe de skate que sur la grande scène, souriante, mettant la misère à tout le monde sur le Headbang alors que Marco laisse s’exprimer le petit Lemmy qui est en lui sur ses riffs de basse qui te roulent dessus.
Messa ne font pas que travailler à leur sauce les codes du Heavy et du Doom Metal, ils incorporent des éléments d’une bonne partie du spectre musical. Le petit moment Crust / Grind de Leffotrak qu’ils nous ont servi le montre de manière outrancièrement explicite, mais en réalité des influences plus extrêmes dans les riffs incisifs, la double pédale et la dynamique générale sont présentes dès les débuts du groupe. Cette synthèse d’une grammaire musicale et d’un esprit remontant aux tout débuts avec de nombreux éléments plus modernes, fondus dans une pièce d’ensemble d’une puissance et d’un naturel à parler à n’importe quel.le amateur.e du genre est ce qui fait de Close l’un des grands albums Metal de la décennie qui vient de commencer, à mon humble avis. Un de ceux qui peuvent être réécoutés à l’infini et se bonifier à chaque écoute.
Sur ce skatepark, Messa ont donné corps et vie à leur idée du Heavy Metal. Ils ont prouvé que les arrangements et instrumentations déployées pour le grand show n’enlevaient rien à la qualité intrinsèque du groupe ; ils ont en eux tous les éléments qui les ont amenés au succès.
Jazzy et sensuel, puissant, chaleureux et communicatif, ensorcelant et putain de rock’n’roll, vivace et intense comme le sang ; un Sabbath Écarlate. Voilà ce que font Messa sur scène, et qui les fait désormais compter parmi les nouveaux fers de lance du genre.
Une fois de plus, remerciements infinis aux photographes m’ayant autorisé à utiliser leurs prises de vues pour illustrer et article. Merci à Ben et à Liya.
Merci à Niels Vinck, l’un des photographes officiels du Roadburn, allez voir son superbe travail, ses prises de vues très dynamiques et intenses :
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