Groupe : Cloud Rat
Album : Threshold
Genre : Grindcore, Progressive Grind
Origine : Michigan, USA
Année de sortie : 2022
Cloud Rat – Threshold
Cloud Rat.
Cloud. Motherfucking. Rat.
Autant dire que ça va être expéditif, comme ce nouvel album. C’est parti pour une chronique bas-du-front et que j’espère courte comme un album de Grindcore.
Si vous ne connaissez pas Cloud Rat, déjà honte à vous, mais ensuite sachez qu’il s’agit d’un trio venu du Michigan et qu’ils appliquent à l’étiquette « Grindcore » une méthode… Grindcore. A savoir qu’ils prennent le genre et qu’ils lui défoncent sa race dans un grand mixeur avec plein d’autre ms trucs : HxC, Black Métal, Metalcore, Électro, Sludge. Les trois larrons, Brandon (batterie et électronique), Rorik (guitare) et Madison (chant), revendiquent des influences aussi vivaces que le hip hop (grands fans de DMX et de Kendrick entre autres), le grunge, les Smashing Pumpkins, Shellac, le goth rock, Mudvayne et surtout Björk.
Et en musique ca donne quoi ? Ça donne pas le temps, ca va vite, ça blaste, ça pète les rythmes plus promptement qu’un gouvernement britannique ne se déleste de ses ministres, ça déchire de riffs tantôt aussi secs et hirsutes qu’un Grind, tantôt aussi lourds et résonnants qu’un gros Black/Death, ça envoie des Breakdowns bien nerveux (a ne pas confondre avec des limite nervousse brèquedaunes).
Mais on aurait bien tort d’imaginer que ce Threshold serait un énième clone de Pig Destroyer ou de Napalm Death. Cet album a été écrit en 2020, avec le contexte que vous imaginez. Les trois membres du groupe vivent à plusieurs heures les uns des autres (faut croire que c’est grand, le Michigan), et les longues périodes d’isolement ont mené à d’intenses réflexions personnelles, et à une frénésie de création pour ne pas sombrer. L’album parle de dépression nerveuse, d’isolement, de noyade, et du temps : chaque chanson est écrite comme une boucle temporelle auto-contenue, une année faite de mille années.
Et la richesse musicale est à l’avenant du concept : il se passe énormément de choses dans cette demi-heure, et pas uniquement parce que ça va vite. L’album est extrêmement riche en textures sonores, Cloud Rat recherchent constamment des plans variés et des strates mélodiques en cohérence avec l’épine dorsale Grind. Il y a des purs moments de grâce appelant le Post Hardcore mélodique, voire le prog. Kaleidoscope en est un exemple frappant ; le riff principal est, de l’aveu de Rorik, un recherche dans la veine de Rush ou du Queensrÿche de Operation Mindcrime. Un riff « réconfortant » au milieu de la tornade.
Et c’est sans doute cela qui distingue le plus Cloud Rat ; c’est vibrant, poignant d’émotions sans abandonner un pouce à l’intensité et la brutalité. Pour peu qu’on se laisse porter, Threshold nous emmène très haut, dans des moments de grâce, de libération portés sans contradiction par la colère des propos et de la musique. Threshold signifie « seuil », et Cloud Rat nous le font franchir sans crainte.
Threshold est disponible sur toutes les plateformes de streaming, et bien sûr, sur Bandcamp :