Johnny I Hardly Knew Ye
Du music hall au message anti-guerre
Pour cette monomaniaquerie, je vous propose une session en trois parties!
Notre point de départ se trouve en Angleterre, en 1867, l’époque où les music halls étaient devenus une institution et une industrie florissante. Nombreux sont les artistes qui composent eux même leurs chansons, mais pour un grand besoin de production d’œuvres musicales, il existaient pléthores d’écrivains/compositeurs qui composaient sur commande des music halls et des interprètes. Parmi eux se trouvait Joseph B. Geoghegan, un écrivain compositeur du Nord d’Angleterre, prolifique et il était une figure de proue des music halls à l’époque.
Joseph B. Geoghegan a donc composé, en 1867 le morceau Johnny I Hardly Knew Ye. A la base, étant une production de music hall c’était une chanson folk burlesque et humoristique, c’est la monologue d’une irlandaise racontant l’histoire de sa rencontre avec son ex sur le chemin menant à Athy, ville du compté de Kildare en Irlande (c’est aussi la raison pour laquelle beaucoup de sources considère cette chanson comme une chanson folk irlandaise). Initialement, le jeune homme a mis sa belle enceinte, puis s’est enfuit, il s’engage dans l’armée pour fuir loin d’elle et de leur enfant. Mais pendant une bataille sur l’île de Ceylan (Sri Lanka), il est gravement défiguré, perdant la vue, ses jambes et ses bras, dans certaines versions, il perd aussi son nez, devenant ainsi infirme et mendiant. Mais malgré tout ça, la jeune femme lui dit qu’elle est contente de le revoir et le garderait comme son beau.
Ce morceau a été enregistré en 1961 par The Clancy Brothers (groupe de folk irlandais) & Tommy Makem dans leur album éponyme chez Tradition Records, ce qui a ravivé la popularité de cette chanson.
Comme je disais plus haut, du à l’histoire et au contexte de la guerre de Kandyan (entre les forces britanniques et le royaume de Kandy, actuellement le Sri Lanka) entre 1795 et 1818, ce morceau a été souvent supposé être une chanson populaire irlandaise anti-recrutement pour la guerre vers la fin du XVIIIe, début XIXe siècle.
Quoiqu’il en soit, la paternité de Joseph B. Geoghegan est prouvé via les recherches de Jonathan E. Lighter, docteur chercheur en lettre anglais. Avec le temps, cette chanson est devenu THE chanson anti-guerre en puissance et les versions modernes proposées par différents artistes comportent toujours un message anti-guerre à la fin.
Je vous donne RDV plus tard pour la second parti. Pour le moment, profitons du premier enregistrement de ce morceau par The Clancy Brothers & Tommy Makem.
Enchaînons donc avec cette très belle version à la voix envoûtante de Maureen O’Hara, actrice méricano-irlandaise, celle qui a démarré sa carrière au cinéma avec l’un des plus grands, Alfred Hitchcock dans La Taverne de la Jamaïque.
En France, il y a eu Frida Boccara qui s’est frotté à l’exercice de cette chanson, en français. Le morceau s’intitule donc Johnny jambe de Bois.
Une belle version folk avec l’envoûtante Joan Baez. Plein de gravité et de mélancolie dans cette voix de velours.
La très belle version du groupe celtic punk The Tossers venu de l’Illinois.
Et bien sûr, on ne peut parler d’une chanson anti-guerre, avec des origines irlandaises plus ou moins proche sans évoquer les excellents Dropkick Murphys. Voici leur version punky, catchy, metally avec un clip aux extraits de documentaires de guerre. Accrochez vos cœurs!
Une autre version, proposée par les Sheepfolk, un groupe de folk irlandais, what else?
Dans les ambiances tristes et lancinantes, je pioche la carte Anita Carter, elle n’est personne d’autre que la belle fille de Johnny Cash, fille de Mother Maybelle Carter, issu de son premier mariage avec Ezra Carter. Elle est hypnotique.
Ensuite, je vous propose d’aller en Suisse avec Die Minstrels, groupe de folk blues formé 1967 à Zurich et leur version plutôt joyeuse de ce morceau.
Vous prenez encore un peu de punk irlandais après ça? Oui! Rien que pour le plaisir de la mélodie, de l’énergie et des violons. Voici les Ferocious Dog!
On ne parle pas du folk et du blues sans évoquer le prince absolu, Bob Dylan. Voici sa version de cette chanson. Beauté immémoriale.
Et pour finir, je vous laisse avec la version metalisant du groupe Teufelstanz qui vient de… Russie (ouais, si vous aviez un doute…), plus précisément de Moscou et qui fait du true&evil medieval music. 😀
[…] est la seconde partie d’une série en trois parties, vous trouverez la première partie ici ) La dernière fois, je vous ai laissé avec les travaux de Jonathan E. Lighter, confirmant la […]