Artiste : Fields of the Nephilim
Origine : Royaume-Uni
Date de sortie : 1988
Genre : Goth Rock sauce Western
Depuis le temps que je ponce les albums de Wayfarer et tout particulièrement le chef-d’oeuvre World’s Blood, je leur trouve un je-ne-sais-quoi de familier, quelque chose dans le son, l’ambiance générale qui se dégage. Ca me rappelle furieusement autre chose. Un truc sur lequel je n’arrivais pas à mettre le doigt, jusqu’à l’écoute de leur dernier album A Romance With Violence sur lequel on a déjà pas mal glosé par ici.
Ce truc, c’est Fields Of The Nephilim. Duh.
Pour celles et ceux qui n’auraient pas la chance d’avoir versé dans le rock goth des années 80, imaginez des types habillés dans une espèce de style Dark Cowboy Steampunk – un look parfait pour un anime – qui jouent un rock énergique, teinté de mélodies mélancoliques comme The Cure savaient en faire – quand ils savaient encore jouer.
Associés à toute la mouvance Post-Punk et Goth de par leur chronologie et leur position géographique, Fields of the Nephilim sont pourtant bien à part dans leur univers visuel et sonore : leur côté « Western » n’est pas que dans leur garde-robe. Ca se sent dès les premières notes de l’album, avec ce cliquetis de locomotive à vapeur qui entre en gare, et ces arpèges de guitare lointains. L’ambiance se construit petit-à-petit, les premiers accords de guitare sentent le blues chaud du désert, et la batterie semble démarrer comme un Sheriff met pied-à-terre en arrivant en ville.
Allez pas croire qu’on est dans une gigue de Saloon pour autant ; Endemoniada qui ouvre l’album est un monument de composition qui démarre sur une longue introduction mid-tempo, des riffs de guitare mélancoliques et posés, bien balancés, pour ensuite progresser vers une course épique. Johnny Cash n’aurait pas renié ce rythme régulier comme un train, mais il n’aurait jamais su produire cette ambiance spectrale, due à la surprenante harmonie entre les arpèges de guitare clairs, la ligne de basse et les riffs saturés.
Et quand démarre le chant sépulcral de Carl McCoy, c’est le point de non-retour. Vous avez embarqué sur le train fantôme et vous ne le quitterez plus. Ce type a une voix et un charisme incroyable, et semble surfer sur les mélodies avec son timbre rauque et profond.
Pour un deuxième album, le groupe démontrait déjà une maturité hallucinante : sur neuf chansons, aucune ne peut être qualifiée de « plus faible » que les autres. Toutes sont parfaitement à leur place, et toutes sont des tueries.
Le tube Moonchild, avec sa mélodie catchy et gothique en diable, le mystique Shiva et son rythme envoûtant, l’inquiétant Celebrate où McCoy file des frissons à chanter quasiment acapella, ou encore la chevauchée épique de Chord of Souls… Tout est inoubliable dans cet album, mais la plus grosse claque pour moi a été Phobia ; un troupeau de bisons lancé au galop, un missile Motörheadien – le Ace of Spades version dark.
Fields of the Nephilim est sans aucun doute le groupe Goth le plus compatible avec le public Hard Rock et Metal : les guitares sont saturées, et le chant est râpeux et caverneux, comme un Growl qui n’a pas besoin de crier. Fields of the Nephilim sont une force tranquille et inexorable, qui nous emmènent dans une vision fantasmée et romantique du Grand Ouest.
La filiation avec Wayfarer aurait dû me sauter aux yeux ; le chanteur Shane McCarthy a d’ailleurs confirmé ça dans une interview récente où il cite l’album suivant, Elizium, comme un des 5 disques qui les plus influents de l’histoire du son de Wayfarer. Chaipas ce qu’ils ont tous, avec ce délire des top 5.
Quoi qu’il en soit, toute la discographie de Fields of the Nephilim est excellente et je ne saurais que vous conseiller de tout écouter de toute urgence. Mais s’il fallait absolument commencer par seul album, pour moi ce serait The Nephilim.