Artiste : Trans-Siberian Orchestra
Origine : Floride / U.S.
Date de sortie : 2000
Genre : Orchestre Rock / Rock Harmonique
TSO a été crée suite à la rencontre entre Jon Oliva, Paul O’Neill et Robert Kinkel. A la base, ils voulaient juste sortir des albums rock avec arrangements harmoniques pour Noël, puis ça a dégénéré, ils ont composé des albums hors thèmes Noël et c’est une sacrée bonne décision! Beethoven’s Last Night est un chef d’oeuvre du genre avec un mélange intelligent des classiques et des compositions modernes avec un orchestre rock résolument énergique. Le bonheur!
L’album commence avec quelques notes de Moonlight Sonata pour enchaîner progressivement, exploser à son apogée, puis ralentir et terminer dramatiquement, une ouverture digne de celle d’un concert symphonique le plus prestigieux, avec un arrangement orchestral qui prouve le génie de Paul O’neil, mêlant Moonlight Sonata, le 4ème mouvement de la symphonie n°9 de Beethoven (La partie où se trouve l’Hymne à la Joie), la symphonie n°5 (ou la Symphonie du destin) et le Requiem de Mozart pour terminer sur un éclair qui déchire le ciel de cette nuit orageuse. Nous sommes donc en 1827, une nuit d’orage et le vieux Beethoven est en pleine introspection sur sa vie, assis devant son piano, la Symphonie n°10 hypothétiquement finie posée sur le pupitre. Sa vie défile devant lui doucement, les questions et les images se bousculent dans sa tête, accompagnés par la guitare électrique et par la chœur de voix des fantômes et des esprits à la fois militaire et épique. L’orchestre n’est pas reste, imperturbable, il martèle les couplets infatigablement.
Tout l’arrangement vacille entre les passages de piano calme, les voix chantées sur le ton de la conversation; les discussions entre le vieux Beethoven fatigué, son destin, le fils du destin et le diable. Pour ses derniers heures sur terre, Méphistophélès lui offre de prendre son âme ou détruire sa musique (l’offre de merde, on est d’accord!) sur fond de notes mélancoliques de Moonlight Sonata, cela sonne comme une ironie, comme un rire doux amère du diable. Nous continuons toujours avec cet belle accompagnement du piano sur les réflexions d’un Beethoven qui se demande si cela vaut le coup de vendre son âme au diable pour sauvegarder la musique car pour lui, ses compositions ont amené de la joie aux gens. C’est un morceau hautement introspectif, dans la douceur du piano, mais ponctué de guitare électrique qui éclate et la batterie qui est tout en harmonie, le tout accentue le caractère torturé du personnage et pleure avec lui dans son paradoxe.
Alors le Destin lui offre un aller-retour express dans sa vie afin de l’aider à prendre une décision en changeant certains détails de sa vie. Ici, Paul O’neil, Jon Olivia et Robert Kinkel nous offrent une composition plutôt punchy, dans la tradition des opéras rocks, alliant à merveille les instruments harmoniques et les instruments électriques propre aux rock avant d’enchaîner sur l’ouverture joyeuse de Les noces de Figaro de Mozart à la guitare électrique. C’est une parfaite transition sur un ton joyeux, dynamique afin de raconter la rencontre des deux maestros (jeune Beethoven rencontrant Mozart) avant de repartir sur les notes beaucoup plus calme, cette fois ci, tiré du Mazurka (opus68) de Chopin; « The dream of candle light » est empreint de mélancolie, racontant la passion de l’histoire d’amour malheureux de Beethoven avec Theresa (Therese Malfatti – compositrice autrichienne).
L’évocation de son histoire avec Theresa semble réveiller de vieux démons chez Beethoven, et pour illustrer cela, c’est l’explosion du mélange entre le requiem de Mozart et la symphonie n°5 de Beethoven, aussi torturé et déchirant que la tempête à l’extérieur dans la nuit. Les sons de guitare et de basses tournoient dans l’air, soutenu par la batterie et tout l’orchestre dans une danse folle.
Mais Theresa est revenu pour calmer cette tempête, Beethoven maudit sa surdité car pour lui, c’est à cause de cela que son histoire d’amour avec Theresa s’est arrêté. Mais les muses de la musique viennent lui montrer que sans sa surdité, il ne serait sans doute pas le grand compositeur qu’il est et l’influence de plusieurs générations de musiciens par la suite puisque sans sa surdité, il serait plus occupé à se reproduire devant le public que de composer. Un beau solo de guitare s’envole dans l’air comme pour illustrer ce propos. Alors le vieux musicien renonce à cette idée absurde avec un passage de Für Elise. Il fait ses adieux à Theresa avant de repartir dans un tourbillon d’illusion express avec un arrangement mêlant la Sonate pour piano n°16 (sonata semplice) de Mozart, le très punchy Flight of the Bumblebee de Nikolai Rimsky-Korsakov pour enfin exploser en Ode à la Joie à la guitare électrique et la chœur des esprits, montrant que si Beethoven change quoi que ce soit à sa vie, il détruirait de lui même sa musique, sa génie, car c’est dans la surdité qu’il a su écouter les muses qui lui parlent.
Retournant à lui, dans sa chambre cette nuit d’orage, Beethoven est plus déterminé que jamais de garder sa musique, et l’orchestre aussi, la musique est acérée comme des lames de couteau, dynamique et rythmique avant la transition dramatique et complètement démentiel issu du Scherzo (Deuxième mouvement de la Symphonie n°9) comme un mauvais présage. Ici, l’orchestre est déchaîné, les notes tournoient et dansent de leur danses les plus folles avant de s’évanouir dans les airs comme des fantômes. Et c’est peu de le dire car ce Scherzo accompagne le retour de Méphistophélès qui revient pour rappeler à Beethoven l’offre et lui demande faire un choix. Le diable, avec son chœur de fantôme tourmentent le vieux compositeur et usent de tous les ruses pour essayer de lui faire abandonner toute sa musique, son œuvre, sa vie.
O’neil et Kinkel offrent ici une de leurs meilleures compositions comme une suite à ce Scherzo de folie avec les notes de piano qu’on fouette à la pointe des doigts, empreinte de machiavélisme avant de revenir vers les notes et mélodies plus classiques de l’opéra rock avec « Who is this child » afin d’accompagner Beethoven dans ses réflexions.
Mais enfin, nous finissons sur une chanson accompagnée de piano, où le Destin, après avoir aidé Beethoven à vaincre le diable avec une ruse, chante une berceuse pour l’âme du musicien. Elle l’accompagne dans son sommeil éternel, en paix.