Artiste : Giant Jellyfish
Origine : Brésil
Genre : Heavy Psych, Ocult Psychedelic Rock, Fuzzom psychédélique, Post-Metal
Date de sortie : 2022
Décidément, après la scène stoner grec, la scène qui m’étonne de jour en jour avec profusions de découvertes tout aussi intéressantes et surtout aussi lourdes les unes que les autres est la scène doom/stoner psych sud et centre américaine, entre Mephistofeles (Argentin), Satanico Pandemonium et Moonwatcher (Mexique) ou encore Crypt Monarch (Costa Rica), il y a de quoi faire au niveau lourdeur psychédélique!
Giant Jellyfish fait parti de ces découvertes récentes avec leur sublime album sorti fin février, Dark Dharma! Ils rejoignent ma longue liste de groupes outre Atlantique sud à suivre de près avec fort enthousiasme, surtout si vous aimez le stoner psych trèèèèèèèssssss doomisant, ce stoner psych situant vers le côté super gras et surtout lourd rampant de la balance.
Giant Jellyfish, quartet brésilien composé de Teka Almeida au chant et au clavier, Rafa Almeida à la guitare, Leandro De Villa à la batterie et Claudio HC Funari à la basse. Ils ne sont pas à leur premier méfait puisqu’ils ont déjà sorti un très bon premier album éponyme en 2018 et faisaient déjà parti des habitués de nombreux shows de l’autre côté de l’Atlantique.Si leur premier album est un concentré de psychédélisme aérien avec la voix bondissante et éthérée de Teka, n’espérez pas retrouver ce côté léger avec Dark Dharma car si ce second album garde le côté psychédélique dont le groupe semble être friand, les compositions sont beaucoup plus sombres, plus lourdes, à l’ambiance plus occulte, et surtout, Teka abandonne totalement le chant clair éthéré pour adopter un chant incantatoire, au timbre de voix beaucoup plus bas et plus épais, parfois à la limite même de la vocifération fantasmagorique. Ce qui donne beaucoup de charme à cette seconde galette.
L’ambiance de l’album est posée directement avec le premier morceau évocateur, As Poisonning As God, et son rythme ondulant et chaloupé comme des volutes de fumées qui s’immiscent à travers les moindres ouvertures de votre conscience. Et cette voix qui résonne à travers ce rideau de riff comme une incantation terrible qui prévient un danger imminent avant de s’éclater en cris d’outre monde.
Navel Gazing et Spoiler Alert arrivent nerveusement comme un tsunami avec riffs énergiques et épais, porté par une voix claire et posée, mais bientôt tout s’éclatera comme les écumes qui s’éclatent contre les rochers sur une mer agitée. Quelque chose dans la manière de chanter de Teka me fait penser à quelques morceaux de punk, mais je ne vais pas m’aventurer sur les terrain du punk ralenti… puisque ces morceaux sont assez énergiques, même s’ils sont dotés de moments plus planant et plus ondulants, dans ce paysage incantatoire mystérieux, d’ailleurs, tout va s’accélérer, à en perdre l’haleine vers la fin. Wait for it!
Revenons dans nos eaux mystiques avec Keep Smiling, morceau parfait pour le lâcher prise… Ou plutôt un pessimisme et un abandon total de tout espoir de manière la plus calme et la plus transcendantale possible. La musique est calme, ondulante et apaisante, comme une ironie par rapport à ce conte cruel. C’est avec ce morceau qu’on voit aussi le mieux la maturité du chant de Teka, avec beaucoup plus d’épaisseur et de profondeur dans la voix. Les mélodies évoquent de longues échappées nocturnes à errer sous les lumières de la ville, une ville si familier le jour mais devenue comme un autre monde la nuit, avec ses silences et ses brumes qui reflètent des lueurs obscures. Cette atmosphère mystique vespérale sera renforcée encore avec Dharka, fascinante épilogue pour cette échappée nocturne désespérée, devenant encore plus désenchantée.Et puis l’explosion revient avec Marvelous City, vociférations bouleversantes mélangées aux incantations péremptoires sur fond de riffs lourds et mélodies rampantes, cette ville merveilleuse est aussi merveilleux que tous ces miasmes toxiques qui s’en dégagent et ce n’est pas la musique de Giant Jellyfish qui dira le contraire.
Encore plus de lourdeur avec Native Alien, même le petit passage aérien à la voix claire qui s’élève dans les profondeurs du cosmos entre deux martèlements de riffs massifs a quelque chose d’inquiétant et d’appesanti, tout ici est ficelé pour faire montre une gravité pachydermique.Track of Time se veut plus léger avec les mélodies d’ouverture bondissantes. Mais en parallèle avec les paroles, cette voix à la fois monotone et évocatrice pose la lourdeur et la gravité de la situation; comme une boucle intemporelle qui se répète encore et encore malgré cette aspiration au changement, devenant asphyxiante. A l’image de cette boucle qui se répète, encore et encore, devenant presqu’un poids à porter au temps, la musique s’alourdit et ralentit au fur et à mesure que le morceau avance, implacablement, comme la roue du temp.
Si vous êtes amoureux mélancoliques de la tristesse apocalyptique, si vous aimez les atmosphères occultes et mystiques, et que les mélodies hypnotiques enveloppées de fumées de myrrhe et de bois de santal sont votre dada, alors cet album est définitivement pour vous.