Artiste : Solaris
Origine : Hongrie
Date de sortie : 1984
Genre : Progressive Rock
Solaris, ce groupe hongrois, culte Outre Atlantique et au Japon, pourtant resté pendant long temps ignoré par le public Européen. Cette méconnaissance est sans doute due à la censure d’état à l’époque de la formation du groupe concernant la musique rock en générale. Solaris a été formé en 1980 par le flûtiste Attila Kollár, István Cziglán multi-instrumentiste et le claviériste Róbert Erdész. Ces 3 étudiants férus de littérature fantastique et de science fiction nommèrent leur groupe Solaris en hommage au roman du même nom de l’auteur polonais Stanislas Lem. Avec l’arrivée de Tamás Pócs à la basse et László Gömör à la batterie, ils commencèrent de se reproduire sur scène, notamment à l’université de Semmelweis (l’université de médecine de Budapest) et sur la fameuse Buda Park Stage. C’était lors de ce concert au BPS qu’ils ont gagné l’occasion d’enregistrer un 1er single éponyme.
Pourtant, malgré cette renommée grandissante et le soutien du public, l’unique label étatique de l’époque, le label Start refusa de les soutenir. En 1983, le groupe réussit malgré tout à enregistrer leur 1er magnifique album Marsbéli Krónikák – The Martian Chronicles inspiré du roman du même nom de Ray Bradbury; l’album sortit en 1984 reçut un accueil chaleureux et eu un grand succès national. Pourtant, le label refusa d’aider le groupe à enregistrer un second album, forçant les membres du groupe à travailler sur des compositions plus pop, très à la mode en Hongrie à l’époque, sous un autre nom: Napoleon Boulevard.
Comme les gens talentueux font des choses intéressantes peu importe le genre de musique dans lequel ils sont, Napoleon Boulevard allait très vite récolter un grand succès et vendit plus d’un millions de disque en trois ans sur le marché national. Un tel succès a décidé le label de recontacter le groupe et Solaris a réussi à sortir leur second album: Solaris 1990 réunissant les compositions refusées auparavant. Quelques temps après, Napoleon Boulevard se sépara et les membres de Solaris se dispersèrent.
Par la suite, le groupe se reforme sporadiquement à l’occasion de quelques concerts mais c’est surtout en 1995 qu’il redécolle avec l’invitation par Greg Walker au Progfest (Los Angeles) en tant que tête d’affiche. Ce concert de presque 2h, réunissant les morceaux de Marsbéli Krónikák et d’autres compositions de Solaris 1990, a permis au groupe de toucher le public Européen. Concert que je vous recommande chaleureusement pour son intensité et sa virtuosité!
Je vous invite donc, ici, à découvrir le premier album de Solaris. Un sublime album de bout en bout où la musique reflète magnifiquement l’esprit des odyssées de l’espace en vous emportant sur ses nappes de clavier interstellaires, dynamiques et ravageuses. Je n’ai jamais vu une combinaison aussi étroite et aussi magnifique entre la guitare et le clavier comme chez Solaris. Ce sont les maîtres de l’arrangement, ils maîtrisent à la perfection l’alchimie entre les instruments. Ils vous font voyager jusqu’aux confins des mondes nouveaux, des territoires inconnues de l’espace avec les envolées de guitares magnifiques et cette flûtes oh combien chimérique!
L’album commence avec une intro magistrale et mystérieuse au clavier, ponctuée par les rires et les incantations des martiens, présageant un voyage épique dans l’océan cosmique, une promesse de découverte et de révélations miraculeuses.
Les morceaux suivants vous invitent à une promenade de santé sur Mars, explorant chaque cratère, chaque graine de poussière dans les moindres détails afin de découvrir les secrets enfouis dans le cœur de la planète rouge. Si la guitare et la section rythmique tracent le chemin et donnent une structure solide et variée à l’ensemble, la flûte chimérique et douce comme une caresse ponctue le voyage: tantôt fluide comme le vent, tantôt joyeux et clapotante comme la pluie sur la surface poussiéreuse de cette planète rouge et sur le visage fatigué des voyageurs comme des derniers habitants de cette ancienne civilisation; le clavier, quant à lui, donne à l’ensemble une dimension résolument futuriste. Vous savez, cette imagination futuriste très vintage, très années 70s, 80s qui hume bon les brouillards d’un film de Carpenter! De temps à autre, vous entendrez même les petits sons qui vous font croire que vous êtes entrain de jouer à Space Invaders sur votre toute première console!
Nous pénétrons au cœur de Mars à partir de M’ars Poetica, la planète rouge nous dévoile ses secrets les plus enfouis: étonnants, ravageurs, attendrissant même par moment avec les passages d’accalmie racontés à merveille par la flûte d’Attila et la guitare d’István; mais elle cachent aussi plein de dangers inconnus, de pièges et d’anciennes blessures d’une civilisation oubliée. La musique retranscrit parfaitement cette atmosphère âpre et cahoteuse avec les passages instrumentaux qui se déchaînent, comme des précipitations d’acide causant de mini cratères sur une surface déjà irrégulière, sous un ciel de plombe, ou bien, anthracite, allez savoir!l’album se termine sur une note joyeuse et sauvage de The Yellow Circle où on entend même un petit banjo suivi des percussions qui accompagnent des incantations, comme un rituel invoquant quelques vieilles divinités martiennes. Une jolie manière de terminer le voyage en contemplant à l’horizon la réapparition terrible d’une ancienne force sans nom, mystérieuse, venue du fond des âges et de l’espace.
Les mots ne suffissent pas pour décrire toute la beauté, la complexité et l’intensité de ce disque, alors je vous invite à bien attacher votre ceinture, à vous installer confortablement dans votre fauteuil de capitaine de vaisseau spatial avant de cliquer sur le lien. Ecoute encore plus intense au casque!