Artiste : Rose Windows
Origine : USA
Date de sortie : 2013
Genre : Psychedelic Rock
Rose Windows est un nom injustement oublié de cette dernière décennie. Vous n’avez probablement jamais entendu parler d’eux, et pour ma part cela ne tient qu’au fil ténu d’artistes que j’adule et ayant collaboré avec des membres de ce groupe.
Rose Windows est l’histoire d’une rencontre à Seattle. Une rencontre entre différentes influences occidentales et orientales. Mais avant tout une rencontre entre deux amis: Chris Cheveyo, guitariste et compositeur ayant fui son Texas natal et l’échec de son précédent groupe, et Rabiah Shaheen Qazi, que rien ne destinait à être chanteuse jusqu’à ce que Cheveyo se rende compte de son talent à la fin d’une soirée à refaire le monde.
Rose Windows est la rencontre entre l’esprit hippie et les turpitudes spirituelles de la jeunesse du millénaire, les questionnements contemporains sur la place des religions et le feeling du psychédélisme sonore à l’ancienne. Entre le riff Sabbathien et la mélodie orientalisante.
L’ouverture sur The Sun Dogs, part I pose une ambiance chamanique : guitares frugales probablement jouées par des coyotes, litanies, arrangements amples et flûte… Bienvenue dans le désert, au milieu des nuages de poussière et des volutes de fumées, entre hallucinations solaires et longues nuits étoilées.
Rose Windows font d’entrée de jeu appel à votre sensualité, qui ne sera pas en reste tout le long de l’album. La volupté est présente à chaque instant, mêlant l’intensité du Heavy Blues psyché qu’un Hendrix ou un Iommi n’auraient pas renié à des influences de musique orientale et une inclination certaine pour la spiritualité. Native Dreams le prouve avec son riff qui ferait tortiller de la chute de reins tel une Salomé des temps modernes n’importe quel Jean-Viking velu, mené par la voix suave et puissante de Rabiah Shaheen Qazi vers une apothéose d’une énergie folle entre les guitares rugissantes et l’Orgue Hammond déchaîné. Et dites-vous qu’on n’en est qu’au second titre !
Ça repart ensuite sur Wartime Lovers, un tube instantané, une mélodie qui vaudrait des millions dans les bons circuits de distribution, qui flaire bon la fin des Sixties mais sans verser dans le cliché. Imparable, putain de bordel de merde.
(Vous l’aurez compris, j’aime bien cet album.)
L’incorporation d’influences orientales à la musique de Rose Windows tient moins aux origines culturelles musulmanes de Rabiah qu’à la curiosité de Cheveyo, un musicien accompli et cultivé qui a souhaité intégrer ces éléments à sa musique. Chris venant d’un milieu chrétien assez vénère et Rabiah d’un milieu musulman fondamentaliste, tous deux ont eu maille à partir avec les carcans religieux et en ont des choses à dire à travers leur musique.
Leur collaboration est de ces alchimies qui produisent des albums mythiques, car c’est bien dans cette catégorie que devrait se situer The Sun Dogs si le destin lui avait permis une exposition à un public plus large. L’album entier est un chef-d’oeuvre de Rock Psychédélique, un disque d’une magie irrésistible, entraînant et entêtant (Heavenly Days), plein de de riffs floydiens d’anthologie (Walkin’ With A Woman) et de litanies puissantes et envoûtantes (This Shroud). Mais l’alchimie n’est complète que grâce au chant de Rabiah, sa voix légèrement cassée à la sensualité folle, parfois folk, parfois rock, toujours droit au coeur.
Cet album paru en 2013 est une bulle temporelle, un crossover entre la culture hippie et les questionnements spirituels d’une rencontre entre Orient et Occident. Le genre de groupe à voir en Live absolument, si seulement c’était encore possible… Car après ce premier album et un second en 2015, beaucoup plus tourné vers le rock des 90s et que je vous recommande tout aussi chaudement, le groupe s’est séparé. Leur réputation en Live ne s’est cependant pas volée car Rabiah a été repérée par une autre figure de la scène Rock locale, qui lui a proposé de venir chanter sur son prochain album… Mais ceci est une autre histoire.