The Owls Are Not What They Seem – L’histoire d’un gimmick de la pop culture
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas franchement d’une chanson et ses reprises dont je vais parler mais plutôt d’une formule, un gimmick de la pop culture, une obsession (mais mes monomaniaqueries, en soi, c’est déjà une obsession!), cela m’est venu en tête après avoir proposé mon #adoomsongadaykeepspeopleaway du jour du groupe espagnol Cruzeiro sur La Communauté du Riff, le gorupe Facebook. En tant qu’aficionados de Twin Peaks, le quartet a composé un morceau s’intitulant The/Owls/Are/not/What/They/Seem et il m’a conduit à tout plein d’artistes qui ont proposé un morceau (et parfois tout un album) ayant pour titre cette phrase énigmatique issue de la série emblématique de Lynch.
Pour rappel, c’est une phrase qui a été révélé à agent Dale Cooper pendant la saison 2 de la série et elle sera répétée plusieurs fois pendant cette saison (révélée d’abord par le géant, puis abordée par le major Briggs, et plus tard, elle sera répétée par Cooper lui même, etc.). Cette phrase énigmatique a provoqué tout plein de théories dans la communauté de fans de Twin Peaks dont les deux les plus fameuses sont:
1 – Les hiboux sont les aliens déguisés pour nous surveiller. Cette théorie trouve son origine dans le Projet Blue Book, une commission mise en place par l’US Air Force afin d’étudier et d’enquêter sur certains témoignages sur le phénomène OVNI. Cette commission fut créée en 1952 et resta en activité jusqu’en 1969. De plus, ceux qui soutiennent cette théorie s’appuient aussi sur le livre Communion, écrit par Whitley Strieber. Dans ce livre, l’auteur raconte qu’il souffre de la perte de mémoire suite aux abductions des aliens; et qu’avant qu’il arrive à retrouver ces mémoires, tout ce qu’il se souvenait, c’était l’image des hiboux le fixant à travers sa fenêtre. Il trouvera plus tard que les hiboux, c’étaient des aliens déguisés.
2 – Les hiboux sont possédés par Bob (un esprit maléfique) et/ou d’autres dugpas (sorte de magiciens maléfiques) puisque dans une scène de la série, Bob avait un hibou superposé sur son visage.Dans un autre scène, Mike appelle Bob son familier. Or, dans le monde de la magie, un familier est un démon qui prend forme d’un animal, ce qui veut dire que le démon est Bob et sa forme animal est le hibou.Il est à noter que les hiboux sont souvent associés aux sorcières, démons, et spécialement Lilith dont on dit souvent qu’elle prend la forme d’un hibou, ou une femme avec les jambes et les ailes d’un hibou (okay, c’est l’animal de Minerve ou Athena aussi). Ce qui fait que le hiboux est souvent un animal de choix pour un familier.
Bref, tout cela pour dire que les hiboux pourraient être hôtes pour les magiciens maléfiques du Black Lodge ou ils pourraient être ces mêmes magiciens qui s’étaient transformés.
Dans tous les cas, peu importe les théories, ce qu’on retient de cette phrase emblématique et énigmatique, « The owls are not what they seem », à travers les nombreux symboles et énigmes que regorge la série, c’est que des forces du mal se masquent et n’apparaissent pas sous leurs véritables identités.
Et cela inspire pléthore d’artistes qui ont composé la musique en hommage à la série. Ces morceaux, qu’ils soient tout aussi énigmatique que la formule en elle même ou plus éloignés de l’univers de Twin Peaks de par leur sonorité ont un point en commun: Leur titre! Et probablement la passion de ces musiciens pour cette série culte du 20e siècle. Je vous propose donc un voyage sonore au bord de l’expérimentation et de l’onirisme avec une sélection d’artistes qui ont travaillé sur le thème.
Nous allons commencer avec New Magnetic North, du prog-punk très énergique de Dallas.
Et tant qu’à faire, je vais poster ici le morceau qui m’a amené à cette monomaniaquerie, les espagnoles de Cruzeiro et leurs hiboux psychédéliques, languissants à travers les incantations de leur chanteuse Beatriz Onix.
Ensuite, nous avons les The Motion Sick et leur indie rock emplie de mélancolie, aussi joli qu’une virée nocturne sous le ciel étoilée.
Voici un touchant hommage à la série par Iwrotethisforyou, trio texan de dreampop complètement déglingué, une composition intimiste, le genre de chanson que tu chanteras devant un feu de camps, en plein forêt une nuit d’été.
Changement de registre avec OvO, ce duo italien de noise rock de la mort avec une composition tout aussi magnifique que déroutante pour illustrer cette emblématique formule. Laissez vous happer par leur son.
Continuons donc avec Masters and Moderns, les canadiens offrent ici un hommage alliant douceur désuet et une belle montée gorgée d’émotion au fur et à mesure du morceau.
Puisqu’on est au Canada, on va y rester, et toujours dans l’Ontario avec Gareth Parry Trio, un petit groupe de jazz qui propose des sessions jam expérimental et c’est bien alléchant pour les esgourdes.
Revenons sur les territoires du rock avec Some Birds, groupe de rock de Chicago avec les hiboux à la limite de la folie.
Maintenant, faisons un tour en Italie pour un tout aussi bel hommage à Twin Peaks avec Astral Week, groupe de garage rock psychédélique de bonne facture!
Continuons en Europe avec The Engineer, un projet de dub, musique électronique qui propose un hommage dans l’atmosphère dark et énigmatique, en continuité avec la série.
De retour sur la nouvelle continent avec Waterline Drift, un quintet de rock indie de San Diego, qui nous offre ici une composition veloutée et prenante.
Retournons dans le monde de l’instrumental et du jazz avec ce trio canadien de jazz et de space rock, Broken Piranha avec une jam magnifique.
Une composition plus lumineuse et très bucolique, mais non moins énigmatique avec un côté sombre dans le fond, proposé par l’artiste philippienne A Problem Like Maria. C’est un petit bonbon en sucre!
Et avant de terminer, j’aimerais parler de deux autres oeuvres qui ne sont pas les chansons isolées, mais les albums avec le titre s’inspirant de la formule de Twin Peaks. Même si chacun de ces albums ne comporte pas de morceau titre, l’album entier est un hommage.
Le premier album est The Owls Are Not What They Seem des brésiliens de Horned Owl Valley (en même temps, avec ce nom de groupe, ce nom d’album n’est qu’une fatalité!), du stoner doom du désert!
Et je finis avec ce très jolie album de folk suédois de l’artiste Sofia Talvik. Elle raconte dans cet album les joies et les tristesses de la vie, un joli conte nordique.