Rétrospective 2022 – Dee Cooper

Cette période de l’année propice aux bilans et autres tops de toutes sortes m’embarrasse toujours, car étant une personne avec les affinités fluctuantes toute l’année selon mes humeurs et selon les périodes, mes sorties et écoutes préférées changent tout aussi souvent que le temps du Nord-Pas-de-Calais (OK, c’est à dire que pas beaucoup, mais changeant quand même!). Mais voici quand même une petite sélection des albums qui ont marqué mon année.

Black Metooooollllllll!

Cette année est, d’abord, placée sous le signe du doom/sludge pour moi, pour pas changer, allez-vous me dire. Mais avant de juger, laissez moi vous dire que j’ai écouté autant de black metal, beaucoup de black ambient et post-black, ça change un peu de mes habitudes rampantes et languissantes. Une mention spéciale tout de même pour l’album A Wander in Liminality de Vong, du raw black vietnamien regorgeant plein de trésors fantasmagoriques dont je ne saurais que vous recommander chaudement. C’était aussi le seul album de raw black que j’ai écouté cette année, sachant que ce n’est pas mon genre de prédilection du tout. Et dans le rayon des découvertes étonnantes, je nomme les suisses de Nighted qui ont su me faire voyager avec leur black atmo aux vibes darkwave à l’ambiance Blade Runner. Ça vous titille? Courrez les découvrir, ça vaut son pesant d’or.


Pour diverses raisons dont la ré-édition de son superbe vinyle, j’ai passé beaucoup de temps à écouter Shinrabansho de Bliss Illusion, du magnifique post-black bouddhiste invitant à la transe et à la méditation. Et c’est tout aussi naturellement que je m’étais penchée sur toute la discographie de Tassi, l’autre projet post-black de Dryad, chanteur de Bliss Illusion. J’ai passé une grande partie du début de l’année pour poncer leur discographie, les 3 tomes de Northland est une superbe épopée fantastique à mi-chemin entre le conte zen et le roman d’aventure, saupoudrés d’envolés d’arpèges éthérés et des mélodies aussi sombres que poétiques.


Toujours dans le black, cette année, j’ai beaucoup écouté les disques de chez Transcendance Productions, qui a le chic de dénicher les projets qui portent en eux une charge émotionnelle explosive. C’est ainsi que je m’étais retrouvée à m’entretenir avec Déhà pour son album Drache, un magnifique black atmosphérique pluvieux, aussi chargé qu’un ciel du nord et aussi noir et ardent qu’un bout de charbon issu des mines de ces terres! Recommandation imminente!
De chez Transcendance, j’ai retenu aussi la dernière sortie de Vertige (anciennement J’ai Si Froid…) s’intitulant sobrement Aux Solitaires! Le ton est donné avec ce black atmosphérique à la fois sauvage et passionnant. Véritable hymne des solitaires, de la nature et des grandeurs vertigineuses que seule la nature et la solitude savent offrir à l’âme. Un disque à fleur de peau, à fleur de sang qui touche profondément le cœur. Mention spéciale au dernier piste qui effleure le sublime.

Doom/Sludge

Mais je vous avais parlé de l’année doom/sludge, alors en voici. Sans surprise, Cult of Luna et leur The Long Road North est placé très très haut dans mon classement personnel, et je pense que c’est presque le seul qui ne bougerait pas de sa place d’ici très long temps après. Pourtant, j’ai pris un peu de temps pour l’apprivoiser et pour l’appréhender à sa juste valeur, contrairement à ses prédécesseurs. Pourquoi? Peut-être parce qu’en début de l’année, j’étais encore en plein vagues transcendantales du dernier Cynic. Quoi qu’il en soit, c’est un album dense et magnifique qui demande beaucoup d’attention et de lâcher prise pour pouvoir entamer ce long voyage.

Continuons dans le sludge rampant avec Absent in Body et Nonsun, deux sorties aussi brillantes l’une que l’autre dans le genre. Des albums qui vous retournent les tripes et qui vous mettent même à terre si vous n’y prêtez pas attention. Des voyages intérieurs douloureux mais ô combien salutaire. On en redemande même quand ça s’arrête.


Et puis il y a les anglais de Grave Lines qui nous content des parasites dans les relations humaines. Album ultra variés passant de la lourdeur du doom, la gravité crade du sludge, la hargne du punk, à la mélancolie du gothique et la poésie noire du dark folk sans aucun complexe, de quoi nous délecter des complexités des relations humaines en pensant aux petites parasites bien installé sur notre canapé de misanthrope, vous voilà prévenus!

N’oublions pas le 3ème opus des nordistes de Sunstare, toujours consacré à la mythologie sumérienne; monumental disque aux sons lourds et puissants que je ne saurais que recommander, en écoutant à la suite des 2 premiers. Oui oui, à écouter en grappe!

Et je finirai ce paragraphe avec A Loner de Hangman’s Chair, groupe que je ne découvre véritablement que cette année avec ce magnifique opus, gorgé d’émotion et de magnifiques mélodies à fendre l’âme.

En terme de doom, le disque que j’ai beaucoup attendu cette année, c’est Sacred Cargo de MMXX, projet initialisé pendant les années de pandémie par Andrea Chiodetti, l’ex guitariste de The Foreshadowing, en collaboration avec Jesse Haff (batterie) et Egan O’Rourke (basse) de Daylight Dies, groupe cher à mon coeur. Et je suis superbement bien servie avec leur magnifique galette où ils font intervenir les plus belles voix de la scène metal, particulièrement la scène doom que je vous laisserai découvrir en zieutant la tracklist de l’album. La musique est puissante et intense, chacun des intervenants à la voix apporte une touche personnelle à cet opus intimiste et solennel qui se veut rassembleur et source d’espoir pendant et après une aussi grande pandémie que celle que nous avons connu. Un disque à ne pas louper si vous êtes adepte de mélodies mélancoliques, puissantes et rampantes.

Au rayon epic doom, c’est Ard qui m’a cueillit très tôt dans l’année avec leur « monastic doom » et le long pèlerinage des moines bénédictins sur les rives des îles du nord d’Angleterre. Magnifique opus que je recommande pour les nostalgiques de Virgin Black.

Je n’oublie pas non plus mon amour de toujours qu’est le doom/death. Après la magnifique sortie des géants de Swallow the Sun l’année dernière, j’ai cru que j’allais mettre du temps pour apprécier un autre album doom/death, mais c’était sans compter sur le voyage à travers les voiles des espagnoles de Shattered Sigh. Les mélodies lourdes et envoûtantes vous accompagneront tout au long de ce voyage pour votre absolution finale.


Toujours dans le doom/death, Et Moriemur m’a séduit, d’abord avec sa magnifique couverture, mais surtout par l’originalité de l’œuvre. Les tchèques vont toujours plus loin dans l’expérimentation avec un doom mélangé au folk japonnais et nous offre un super voyage à travers le japon mythologique et ses montagnes. Amateur de l’expérimental et du doom mélodique, ceci est pour vous.


Pour finir avec le doom, Messa, groupe découvert tout juste l’année dernière, et leur 3e opus: Close, m’ont touché en plein cœur avec cette puissance mélodique et cette originalité voluptueuse dans les compositions en fil rouge tout au long de l’album.

Stoner

Cette année, j’ai un peu délaissé le stoner, faute de temps, mais j’ai quand même retenu 2 albums dont la dernière sortie de My Sleeping Karma, Atma. Etant donné que je suis fan inconditionnelle du groupe, ceci est somme toute normal, mais sachez que le groupe ne déçoit pas avec cet opus, on retrouve leur formule stoner védique ultra efficace et chaloupé.


Puis, plus sombre, Giant Jellyfish a retenu mon attention avec Dark Dharma, du stoner psychédélique très doomisant, pour les amateurs d’atmosphères occultes et mystiques, des mélodies hypnotiques enveloppées de fumées de myrrhe et de bois de santal.

D’autres genres

A part mes affinités habituelles, parlons de mes affinités historiques, c’est à dire mon amour inconditionnel pour Saxon et Immolation, et ces deux mastodontes m’ont offert chacun un disque d’une qualité d’or dans leur registre. Carpe Diem est l’album saxonien par excellence avec un heavy qui ne prend pas de ride, et qui ne prendra jamais de ride tant que ce sont eux! Et Immolation sont fidèles à eux même et à leur musique avec un très bel Acts of God bien sombre, agressif et efficace, de quoi arracher des cous agités au fil des chansons.

Ensuite, vouant un grand amour au dark jazz très expérimental de The Lovecraft Sextet, à l’occasion de la sortie de Miserere, j’ai passé énormément de temps à poncer leur discographie, en écoutant les albums dans l’ordre, en boucle pour mieux me délecter de l’inventivité de ces musiciens qui nous offre des albums hypers variés à chaque fois. Et Miserere est une pure bijoux de jazz doom aussi sombre que la bouche de l’enfer!

Mon plus beau coup de coeur hors metal cette année revient à NAN – Not a Number avec leur tout premier album: Euterpe. Du post-punk lumineux et poétique, du pure miel pour les esgourdes, et c’est si peu dire par rapport à la bête qu’il faut écouter.

Coups de coeur tardifs

Eh oui, juste quelques jours avant que j’entame ces lignes, deux groupes viennent tout chambouler l’ordre impermanent de mon monde des sélections de fin d’année, et j’en suis plus que ravie! Parce que le tribal sludge de Birushanah, quartet japonais, est redoutable d’originalité. Entre guitare acérée et les percussions puissantes rendant l’ensemble lourd et compacte comme de la poix de goudron mélangée à la force vivante d’un volcan! Voilà l’effet, je vous laisse imaginer, ou mieux, allez les découvrir de toute urgence!

Et avec eux, le doom/black fuzzy et occult des polonais de MAG. Mais moi, il ne faut pas venir me voir et me dire: tiens, du doom black fuzzy, et les gars mettent, en guise de présentation, sur leur bandcamp: « magic is everything » et espérer un haussement d’épaule dédaigneux! Nom de Zeus! Et comme à mes habitudes obsessionnelles, je suis allée poncer leur discographie, ça ne m’a pas pris beaucoup de temps puisqu’ils n’ont sorti que deux disques. Mais voilà, leur MAG II (tout comme le tout premier, sobrement intitulé MAG, magnifique), fraîchement sortie fin novembre est une bombe de lourdeur et de fuzz, mais qui ne manque pas de hargne et de niaque, qui raviront les papilles des amateurs du genre.