Monolord – Your Time To Shine

Artiste : Monolord

Album : Your Time to Shine

Origine : Suède

Date de sortie : 2021

Genre : Stoner / Doom

« Slow rock for slow people by the slowest of them all »

Slogan d’un des t-shirts de Monolord

Je vais commencer par la conclusion. C’est un album étonnant que nous propose Monolord. Pas leur meilleur à mon avis, mais qui propose de très bonnes choses, et surtout deux tubes qui risquent de faire date dans leur discographie.

Ceci étant dit, il convient peut-être de replacer les choses dans leur contexte. Monolord, qu’est-ce que c’est? Il s’agit a priori d’un groupe suédois composé de trois personnes jouant chacune d’un instrument différent (basse, batterie et guitare). Le guitariste s’occupant également de chanter. C’est déjà une bonne base. L’autre base de Monolord c’est de s’appuyer sur des sonorités lentes et lourdes, très lourdes, à l’aide de leurs amplis de la marque Orange, leurs bras droits sur scène et au studio. Pour le dire simplement, on pourrait dire que Monolord, c’est lourd, ça tabasse, c’est lent. Mais c’est aussi bien plus que ça.

Ceci étant posé, on peut continuer presque sereinement.

Je les ai découverts avec leur précédent album, No Comfort, qui contient un savant mélange de lourdeur et de mélodie. Ce que je peux déjà dire de ce dernier album, Your Time To Shine, c’est qu’il semble moins dense, moins recherché et original que le précédent mais qu’il possède une vraie force dans le son et la lourdeur déployés à certains moments. On sent qu’il y a eu une recherche et un véritable travail à ce niveau là au moment de la production et du mix, travail mené depuis les débuts du groupe en 2013 et qui s’améliore à chaque nouvelle sortie. L’album contient seulement 5 morceaux mais 40 minutes de musique.

Un lapin, apparemment mort sur la pochette, dans une couronne de fleurs (après le hibou avec No Comfort, on reste dans l’animalier), mis en parallèle au titre de l’album, on pense aux rites mortuaires, à la vie après la mort… il semble y avoir un thème, un fil conducteur sur l’album, mais qui ne veut pas vraiment se dévoiler. Les paroles restent parfois cryptiques.

Le premier titre, The Weary, premier single sorti de l’album, commence sur une intro tonitruante et sombre, qui n’annonce pas la couleur de la suite du morceau, mélodieux et au rythme enlevé. On y retrouve la voix typique de Tomas V. Jäger, plus assumée cette fois-ci, et moins noyée dans des couches de chorus (l’effet). Il est assez évident que ce soit ce morceau qui ait été choisi comme single, mélangeant à la fois lourdeur et mélodie, il a en plus un côté rock 70’s avec ses passages où la cloche du batteur se fait entendre. Enfin, les paroles, même si elles ne semblent pas être la partie la plus importante de la musique de Monolord, ont une force particulière, montrant un Jäger au regard désabusé : 

Heal your wounds, the giant hole

While the heart is black and cold

loss of words, losing again

Compromised the very end

And all this time

Nothing feels right

 (tentative de traduction personnelle) 

Guéris tes blessures, l’immense trou
Tandis que le coeur est noir et froid
plus de mots, perdre à nouveau
Compromettre la toute fin
Et pendant tout ce temps
Rien ne va

Il faut ajouter qu’évidemment, Monolord version studio c’est différent de la version concert où n’est de mise que la lourdeur avec seulement trois instruments. En studio, ils se permettent d’emplir le son, y ajoutant des textures, avec souvent deux guitares pour amplifier les mélodies.

The Weary

To Each Their Own, le deuxième morceau, oscille entre parties lourdes et lentes, et des parties ballades sur lesquelles on entend d’ailleurs une guitare acoustique. On sent une volonté de mélodie dans la voix, presque une volonté d’en faire une chanson, plus qu’un morceau rentre dedans. Le morceau termine sur deux parties qui s’enchaînent et qui ramènent à ce que Monolord sait faire de mieux. Cependant, même si cet ensemble forme un tout agréable, c’est un peu moins convaincant que la piste précédente, et surtout que le suivante!

Ce troisième morceau, I’ll be damned, commence avec de la double pédale à la batterie, rare chez Monolord, et un son de tronçonneuse sur la guitare (HM2 es-tu là? il ne faut pas oublier que le groupe vient de Göteborg, un des berceaux du death qui a popularisé ce son de guitare). La mélodie nous emporte. La voix est travaillée de façon particulière, plus distante, mais mélodieuse. Un break puissant, qui s’envole vers le refrain et la répétition du titre I’ll be damned, sur une rythmique simple mais efficace. Tout cela en fait le tube de l’album!

Your Time To Shine, le titre qui a donné son nom à l’album est lui aussi, comme To Each Their Own, un titre agréable à écouter, très lent, c’est même un slow (à la Monolord certes), mais qui manque un peu d’originalité, malgré une certaine force dans le refrain. Ce n’est pas en tout cas celui-là qu’on retient le plus et pourtant c’est le plus long (10 minutes). En revanche il contient une petite outro succulente! 

Le cinquième et dernier titre, The Siren of Yersinia, fait référence à une bactérie, dont une des espèces est l’agent pathogène responsable de la peste. Les paroles restent toujours un peu mystérieuses mais parler de « sirène de la peste » en ces temps troublés peut être évocateur de nombreux sujets. Sont chantées notamment des phrases comme «  L’âge de l’homme est arrivé à sa fin, laissons l’âge de la féminité commencer », ou encore « J’ai besoin de ta mort pour me libérer, j’entends le silence de nos millions ». Un morceau en forme de critique de nos sociétés actuelles semble-il. On entend de nouveau la double pédale dans une intro qui envoie du bois (suédois), pour passer rapidement à un slow en duo guitare clean / voix, rejoints par basse, batterie et ce qui semble être un sample de violon ou violoncelle. Puis la lourdeur du mastodonte Monolord revient pour écraser nos oreilles. Ce titre est à l’image de l’album, oscillant entre passages lourds, voir énervés, mélodies, et moments calmes, plus apaisés.

Un album qui s’apprécie tout de même dans son ensemble malgré ses irrégularités, et qui contient donc deux des pépites du groupe selon moi : The Weary et I’ll Be Damned.