Dead Souls

Nous y voilà : ce billet sera le dernier #JeuDivision.

Je pense avoir suffisamment fait le tour de la fascination que je porte à Joy Division et avoir suffisamment usé de mauvaise foi pour décrédibiliser ce pauvre jeudi qui n’a rien demandé. Il y aurait évidemment encore beaucoup à raconter, entre la propension des quatre larrons à faire des farces de mauvais goût à leurs infortunés compagnons de tournée, le moment gênant où Peter Hook s’est rendu compte qu’il aurait peut-être dû se montrer plus sympa il y a 15 ans avec ces petits cons de fans Irlandais là, qui leur ont squatté leur studio pour enregistrer leur premier album… Ou bien sûr parler de New Order, de leur rupture et de leur continuité avec la période Joy Division et de leur influence sur la musique électronique contemporaine. Mais soyons honnêtes j’ai à peine écouté New Order, ce serait hypocrite de m’étaler dessus.

Alors pour conclure cette marotte, je n’ai pas d’anecdote instructive sur la vie de Curtis, je n’ai pas non plus de savante mise en abyme à composer sur la vie, la mort, l’amour ou la condition humaine. Je veux simplement vous partager ma chanson préférée, sans artifices.

Dead Souls a été enregistrée en 1979 pour paraître sur la face B du single Atmosphere, et représente pour moi tout ce qu’est Joy Division. Tout.

Cette chanson m’a accompagné dans les meilleures et les pires périodes de ma vie, elle est chevillée à mon âme. Je souris, j’exulte ou je pleure en l’écoutant, en pensant à ces quatre gamins aux regards tendres, à peine sortis de l’adolescence. Here are the young men.

Ce n’est pas la chanson la plus typique de Joy Division, avec cette introduction de plus de 2 minutes. Et pourtant j’y entends une synthèse de tout. Ce riff abrasif, énergique et irrésistible digne de leurs débuts punk, cette batterie claire et sèche, cette ligne de basse telle une machine. Cette voix de baryton contrit et pleine de désespoir trop longtemps contenu, ces paroles poétiques, sibyllines et glauques. Cette magie organique derrière la froideur du béton, ce feu qui couve sous les néons blancs. La sensualité froide et intense de Joy Division. Vivante et éternelle.

They Keep Calling Me

They Keep Calling Me

They Keep Calling Me…