Artiste : Elcrost
Origine : Vietnam
Date de sortie : 2020
Genre : Proggy post-black
Elcrost est un tout jeune trio vietnamien, formé en 2019 à Hanoi, avec Mộng Nguyệt (basse, piano, backing vocal et programming), Rogdan (lead guitare, chant) et Đạo Hoàng (guitare, basse, backing vocal, artwork et programming). Ils ont à leur active 2 albums dont le premier est Benighted & Unrequited sortie en Février de cette année que j’ai eu l’occasion d’en parler plus tôt dans l’année sur un lieu dont on tairait le nom désormais, album que je recommande chaleureusement pour qui apprécie le black à tendance épique ou onirique. Mais pour l’heure, je souhaite vous présenter leur deuxième album, sorti le 2 Octobre dernier, production maison dans un esprit DIY.
L’album commence fort avec Earthbound et ses riffs agressifs, accompagnés par une grosse caisse très pressée, posant le ton et confirmant le style musical du groupe, un black bien proche de la tradition scandinave. Pourtant, le backing vocal féminin, certaines parties de chant et la suite du morceau nous laissent entrevoir la différence que propose le groupe par rapport à moult autres groupes de black métal, de la douceur avec les transitions au piano, enveloppant l’ambiance et donner de la douceur au black d’Elcrost. Le second morceau, Curse of the Impaler, démarre froidement avec un son de guitare tranchant, s’en suit une ambiance épique, aidée par la nappe de piano très bien réfléchie. La musique nous tient en haleine avec les riffs dynamiques, alternés des parties plus lents, plus incantatoires, comme si le groupe invoque Vlad lui même. Là, on se demande comment un groupe d’un pays chaud peut proposer des sons aussi froid? L’hiver à Hanoi est tout sauf chaleureux, qu’on se le dise!
The Rape of the Nymph arrive au pied levé et au vu du titre, on sait que c’est tout sauf de la douceur, et on n’est pas déçu. Ça attaque fort, la musique est rapide avant la transition vers une gravité écrasante. Pourtant, derrière l’empressement de la musique au riff acéré, les hurlements fantasmagoriques des nymphes nous glacent le sang! La fin devient plus grave et plus doux, mais le caractère dramatique reste bien là, les lamentations de fin font nouer les tripes avant de nous laisser avec les dernières notes de guitares bien lancinantes et isolées, comme le dernier chant du cygne avant son suicide.
La dernière compo est mon préféré. Ici, le groupe nous offre une magnifique introduction de plus de 2 minutes, petite note de calme avant la tempête, c’est éthéré, lunaire et mélancolique à souhait. On se laisse happer par cette composition bien prog, prêt à laisser échapper l’âme vers l’infini cosmique avant de se faire ramener brutalement vers les profondeur avec la voix empreinte de douleur pour se tordre au son de la guitare lancinante ensuite. L’influence prog va se poursuivre tout le long du morceau, laissant voir toute la beauté de composition d’Elcrost. Le morceau se galvanise vers la fin, ça se hâte, les riffs, les chants se mélangent en une foule pressée vers un précipice sans fond, guidant par la nappe de guitare épaisse et la batterie avant de rendre le dernier souffle au son mélancolique du piano. Et on est là, hébété encore par ce voyage.
Avec ce deuxième calamaropus, Elcrost assoie leur style et confirme leur capacité à nous offrir des compositions de toute beauté, sans s’encombrer des tonalités empruntées à leurs influences (Opeth, Alcest, etc.) comme on pourrait craindre d’une jeune formation comme celle-ci. A suivre de près!