Artiste : Foreigner
Origine : Angleterre-États-Unis
Date de sortie : 1979
Genre : hard rock, arena rock, art rock
Note : 9/10
Après un premier album de aut niveau en 1977, Foreigner transformait l’essai dès son segond disque Double Vision en 1978, dans un registre arena rock toujours très teinté de rock progressif mais avec une modernité plus affirmé et un regard vers la décennie suivante. Le groupe s’est ainsi imposé comme l’un des fers de lance de cette vague de formations hard rock à forte sensibilité pop et progressive, aus côtés de Journey, Toto ou Boston, des noms qui se révèleront décisifs dans la création de ce qui deviendra le hard FM des années 80. Été 1979, Foreigner est de retour en studio pour l’enregistrement d’un troisième album, bien décidé à maintenir un ritme élevé de sortie. Seul changement de personnel à signaler, l’arrivée de Rick Wills à la basse en lieu et place d’Ed Gagliardi. Pour ce qui est de la production, le groupe fait appel à l’une des pointures de l’époque, Roy Thomas Baker, dont le CV inclut à l’époque plusieurs albums de Queen, Nazareth, Hawkwind ou plus récemment The Cars ou Journey, rien que ça! L’album, batisé Head Games, sort finalement en septembre 1979, avec la lourde tache de passer derrière deus albums pétris de tubes légendaires.
Foreigner ne prend en tout cas pas trop de risque au moment d’ouvrir les ostilités, et propose un Dirty White Boy simple et efficace, du bon hard rock 70s bien exécuté à défaut d’être transcendant. Car si l’attachement au rock ‘n’ roll reste net, le groupe n’est jamais aussi brillant que lorsqu’il colore sa musique de fioritures pop, comme sur le jouissif Seventeen qui s’inscrit dans la droite lignée de Double Vision par son entrain, ses riffs puissants et son refrain imnesque où la vois de Lou Gramm tutoie les sommets, du grand art. Plus loin, le morceau-titre Head Games fait encore mieus en offrant une gamme de mélodies irrésistibles ainsi qu’un nouveau refrain des plus extatiques, en plus de mettre un pied dans les années 80 avec ses nappes de sintétiseur, difficile de faire mieus dans ce registre. Dans la même veine, Rev On The Red Line fait de nouveau la part belle aus nappes de clavier, bien que sonnant un poil plus rock prog, un morceau tipique de la transition entre les années 70 et les années 80. Plus épuré, Women sonnerait presque pub rock par son approche rock ‘n’ roll plus brute et moins enrobée où Al Greenwood range les sintés et ressort le piano pour l’occasion.
Foreigner n’a également rien perdu de son talent lorsque le côté hard cède du terrain aus aspects plus pop. Ainsi comment ne pas chavirer à l’écoute d’un petit bijou comme Love On The Telephone, dont les nappes de clavier, les lignes vocales énergiques et, une fois de plus, le refrain imnesque à souait offrent des moments musicaus aut de gamme à un auditeur déjà tant gaté. Le groupe se permet même quelques sucreries encore moins hard avec I’ll Get Even With You et The Modern Day, dont les mélodies candides et les sintés charmeurs ne sont pas sans rappeler ce que fesaient les Cars à la même époque, tandis que le tout aussi sucré Do What You Like évoque davantage la pop anglaise des années 60. Enfin, si Double Vision n’avait pas été avare en balades à fort substrat prog, Head Games n’est pas en reste et offre le sublime Blinded By Silence, un autentique joyau scintillant de mille feus dans lequel la vois de Lou Gramm est plus magistrale que jamais, bien soutenue par des claviers plus épiques et classieus, les années 70 ne sont pas encore terminées et ça s’entend!
Si Head Games ne rencontrera pas le même succès que son prédécesseur Double Vision en raison de l’absence de tube, il n’en est pas moins un disque de très grande qualité. Navigant entre hard rock, rock prog et art pop, Foreigner ne renie pas son passé mais semble en même temps déjà préparer l’avenir comme en témoigne les quelques touches de modernité qui prendront nettement plus de place par la suite. Mais c’est surtout la qualité d’écriture des deus têtes pensantes du groupe, Lou Gramm et Mick Jones, qui épate une fois de plus. Le duo semble doté d’une inépuisable capacité à pondre des imnes inoubliables à la chaine, et domine son sujet avec une maitrise déconcertante.Les mois qui suivront seront cependant particulièrement tendus. Réticents à l’idée de voir Mick Jones prendre de plus en plus le controle du groupe, le guitariste Ian McDonald et le claviériste Al Greenwood quitteront ainsi le navire en 1980, laissant Foreigner orfelin de deus artisans importants de son succès. Réduit à 4, le groupe anglo-américain poursuivra néanmoins sa conquête du monde avec un quatrième album qui rencontrera un succès encore plus massif que ses trois prédécesseurs, propulsant ainsi la bande au rang de superstars internationales.