Ces monomaniqueries, ce sont des topics à lire le soir, où votre esprit est au repos et où votre âme prenne la liberté de voyager par delà des mondes.
Je ne sais pas quel moment de la journée il est chez vous, mais les maniaqueries se passent toujours le soir, alors ce soir, je souhaite vous parler d’une chanson maudite. Il s’agit de Gloomy Sunday – Szomorú Vasárnap, composé par l’artiste jazz hongrois Rezsö Seress en 1933 en mémoire des proches défuntes. La légende dit que la chanson a été interdite partout dans Budapest suite aux vagues de suicide des gens qui auraient écouté le morceau.
Il y a même une légende urbaine qui voudrait que Rezsö compose cette chanson pour une femme qu’il aurait aimé mais qui ne l’aime pas en retour et il lui a offert la chanson avant de se suicider (ce qui n’est pas vrai car il ne s’est suicidé qu’en 1968…) et que la dame en question, quand elle a appris pour lui, a écouté la chanson, puis s’est suicidé ensuite.
En réalité, les rumeurs sur l’interdiction de la chanson ou les vagues de suicide, provenant en partie d’une campagne visant à promouvoir la chanson, sont cependant sans fondement.
Cette chanson a été très souvent jouée durant la grande dépression aux US. La reprise de ce morceau par Billie Holiday a été interdite par la BBC en 1941, l’on pense que c’est à cause du contexte de la WWII.
Avec un tel contexte, il n’est pas étonnant que cette chanson fascine et est reprise par différents artistes à travers les âges. Il a été utilisé au tout début du film La Liste de Schindler. Je vous poste d’abord ici la version originale de Rezsö.
S’en suit la version d’une beauté mélancolique inégalée, interprétée par Billie Holiday.
Et voici la très belle interprétation de Paul Robeson, le premier chanteur à l’avoir repris en anglais. Quelle voix! Il donne des frissons!
Sinead O’Connor aussi, en a donné une interprétation épurée, éthérée de toute beauté. Envoûtant, la dame!
Et forcément, nos artistes gothiques s’y frottent aussi, voici la magnifique interprétation de ce morceau par Christian Death.
Dans les mains des Portishead, il devient cosy, aussi cosy qu’une petite cabane dans les arbres, avant le suicide.
Avec un tel background, c’est naturellement que ce morceau attire les faveurs de Björk. C’est donc naturellement que l’artiste islandaise lui consacre sa version lancinante et déchirante.
Et bien sûr, la princesse des ténèbres aussi, a interprété sa version. Sa voix profonde, froide, comme un sanglot qui vient des profondeurs. Lugubre et entêtant! J’adore cette version.
Le grand Genesis aussi, s’est laissé tenté par la réinterprétation de ce morceau, et cela donne une des meilleures interprétations de ce morceau. Ils l’habitent avec passion et une petite touche de pureté touchante.
Et avant de finir, je ne peux pas ne pas poster la version des papes du doom: Pallbearer. Une magnifique interprétation lourd, violent et nonchalant, comme la mort elle même.
Ce morceau inspire aussi, naturellement, la très belle et talentueuse Emilie Autumn, accompagnée de son violon.
Un bel hommage à ce morceau par le groupe de metal hongrois Leander Rising. Retour aux sources avec une belle version émouvante.
J’avais prévu de m’arrêter là. Mais je suis tombée sur cette version de la chanteuse, compositrice, pianiste suédoise Anna von Hausswolff. Époustouflante!