Acte I: Blues rock, heartland rock
Album 5 : Dire Straits
Artiste : Dire Straits
Origine : Angleterre
Après 4 épisodes consacrés à des groupes américains, traversons l’Atlantique pour gagner Londres et l’un des groupes les plus marquants de la décennie 80, Dire Straits. Formé en 1977 par les frères Knopfler, Mark le guitariste-chanteur et David le guitariste-claviériste, en compagnie du bassiste John Illsley et du batteur Pick Withers, le groupe arrive à une époque où l’Angleterre est submergée par la vague punk, mais s’en démarque sur à peu près tous les aspects. Avec une moyenne d’âge tournant autour de 28 ans et des membres à l’expérience solide (comme enseignant de musique ou musicien de studio), on était en effet loin des débutants d’à peine 20 ans qui formaient l’essentiel de la scène punk. Musicalement, la bande puise dans les grandes figures du blues, JJ Cale en tête, ainsi que dans la folk, la country, le jazz ou le rock ‘n’ roll, une démarche a priori passéiste et anacronique qui pourtant forgera l’une des marques de fabrique les plus reconnaissables et emblématiques des années à venir. Les choses s’enchainent ensuite très vite, une première démo est enregistrée fin 1977 puis envoyée à un DJ de la station BBC qui, emballé par ce qu’il a entendu, décide d’en diffuser régulièrement le morceau emblématique, Sultans Of Swing, et deux mois plus tard Dire Straits signe son premier contrat chez Phonogram Inc, lui offrant la possibilité d’entamer l’enregistrement de son premier album studio dès février 1978. Laissé sans titre, l’album débarque dans les bacs en octobre 1978, alors que le titre Sultans Of Swing, sorti en single en mai, a déjà pas mal fait grandir la popularité du groupe.
Puisqu’il a été mentionné deux fois déjà, parlons-en tout de suite. Sultans Of Swing fait partie de ces morceaux qu’on a tellement entendu qu’ils en perdent presque leur saveur originelle, et pourtant quel bijou! Tout ce qui fait que Dire Straits est Dire Straits y est, les airs de guitare alliant à merveille tradition et créativité, la voix grave décontractée directement héritée de JJ Cale, et surtout les solos de très grande classe qui ont instantanément propulsé Mark Knopfler dans la catégorie des légendes, une vraie merveille qui n’a pas volé son statut de classique intemporel. Mais il serait criminel de résumer le disque à cet incontournable tube, aussi magistral soit-il. Le riff épique de Down To The Waterline, le refrain blues élégant de Water Of Love, les saveurs reggae-isantes d’In The Gallery ou l’ambiance plus sombre et feutrée de Six Blade Knife sont autant de perles qui ont contribué à faire la grandeur de l’album et posé les bases de la patte Dire Straits. Là encore, cette capacité à sonner frais et original malgré une recette très ancrée dans la tradition force l’admiration, tout comme ce refus de ressembler à quoique ce soit qui existait à la même période.
Une fois de plus, les choses iront très vite pour Dire Straits. À peine sorti, l’album fait un carton, et pas seulement en Angleterre puisque les publics américain, australien et néerlandais s’arrachent également la trouvaille. Le groupe reçoit même les éloges de l’une de ses plus grandes influences, Bob Dylan en personne, ce qui n’est pas peu dire quand on sait à quel point le bonhomme est avare en compliments. Ainsi, au printemps 1979, le nom de Dire Straits fait déjà partie des plus célèbres du monde, et l’ avenir s’annonce des plus radieux. Pas question de s’éparpiller pour autant, et dès novembre 1978, soit un mois seulement après la sortie de l’éponime, la bande se délocalise aux légendaires studios Compass Point de Nassau dans les Bahamas pour l’enregistrement de leur segond album, qui sortira en juin 1979 sous le nom de Communiqué et continuera sur la lancée de son prédécesseur aussi bien musicalement que commercialement.