Et on continue d’explorer les traces dans le sable que le raz-de-marée Joy Division nous a laissé en héritage.
Commençons avec un gros morceau : rien moins que les papes du Rock Indus et expérimental, les Swans s’il vous plaît.
Artiste : Swans
Chanson : Love Will Tear Us Apart (Jarboe version)
Genre : Dark folk / post punk
Pour ceux qui connaissent bien le son des Swans – ce qui n’est pas mon cas – il se dit que la hargne originelle du groupe puise dans Joy Division et Killing Joke pour la pousser encore plus loin. Je laisserai les analyses aux connaisseurs du groupe, ce que je sais en revanche c’est que cette reprise de Love Will Tear Us Apart a été une surprise remarquée dans le parcours des cygnes, et controversé jusqu’au sein du groupe. Il y a en effet plusieurs versions qui ont été enregistrées, la différence principale étant sur « qui fait le lead vocal » : Jarboe ou Gira.
Je mets ici en lumière la version chantée par Jarboe parce que c’est ma préférée ; sa voix aérienne aux inflexions étranges transforment le croon de la version originale en quelque chose de plus surnaturel, donnant une mélancolie tout aussi intense. Mais là où Curtis livrait un désespoir bien ancré dans le réel, Jarboe transmet un désespoir surnaturel, d’un autre monde.
Artiste : Low
Chanson : Transmission
Genre : Slowcore
Quand tu est l’influence principale d’un groupe qui a quasiment forgé un genre, c’est que t’es pas trop mal.
Low sont les fers de lance du slowcore, ce penchant extrêmement lent et lancinant du rock, une expression même du désespoir et de la mélancolie. Pas difficile e faire le lien avec l’univers sonore de Joy Division. Le leader Alan Sparhawk a revendiqué cette influence en interview :
When we started Low, it’s fair to say there were certain favorite bands that I was looking at as touchstones as far as, ‘These guys, whatever they’re doing, they’re totally owning it.’ The minimalism of them. Definitely the tone of Ian Curtis’ lyrics were huge influences on me.
Avec leur genre et leur ton, on peut imaginer des reprises assez naturelles ; Day of the Lords, Heart And Soul, Atmosphere, Twenty-Four Hours… Plus naturelles que le choix de Transmission qui est l’une des plus nerveuses de Joy Division. Et ils l’ont justement fait pour éviter la facilité :
I guess the reason we did “Transmission” is that we felt like… I don’t know, we were looking at other songs that were more appropriate or typical of us, but it felt like we would have done something they had already done, so I thought, ‘Well, let’s take one of the more aggressive songs and slow it down and see what happens.’
Et le résultat est sans appel : ça marche, une version lente et rêveuse comme une poésie urbaine moderne.
Artiste : Year of No Light
Chanson : Disorder
Genre : Post-Rock / Shoegaze
On termine cette mini-série sur une reprise de très, très grande qualité. Et Française, s’il vous plaît.
Même s’ils n’ont pas grand-chose de Metal, Joy Division ont influencé nombre de formations Metal, et en général des formations qui lorgnent du côté peu joyeux de la vie, le romantisme et la mélancolie.
Year Of No Light, groupe originaire de Bordeaux qui sévit depuis le début des années 2000 dans un maëlstrom de Post-Metal, Shoegaze, Post-Rock, bref dans un univers sonore intense et chargé d’émotions. « The Cure jouant du Sludge », comme aurait dit un journaliste du magazine Rock Sound.
Cette reprise de Disorder n’a rien du son léché de Martin Hannett ; un rythme lent et profond et le riff iconique mué en une nappe de guitare en drone saturée et plaintive, on est transporté ailleurs. Laissez-vous donc porter.