Artiste : Cracked Machine
Origine : UK
Date de sortie : 2019
Genre : Heavy psychedelic, stoner rock, space rock
Cette chronique est faite totalement sur un coup de tête parce que j’ai pris une claque phénoménale en découvrant cet album. C’est un album mystique, d’une beauté époustouflante et ancré dans la mythologie comme je les aime.
Qu’on soit prévenu, c’est un album sur le mal, le mal primordial. Un mal qui habite le néant, néant qui vous appelle, qui vous aspire, tel est le message de prévention sur la couverture d’album: The call of the Void – Monstre et dragon de toute sorte vont être sujet ici. La musique de Cracked Machine n’a pas de chant, juste la musique, mais c’est suffisant pour emmener l’auditeur dans un voyage hébété, le laissant avancer dans ce brouillard de fumée où il est confus, il ne peut même plus faire confiance à ses 5 sens. Et alors, la seule chose à faire, c’est de laisser porter par cette fleuve hypnotique de musique, d’onduler comme les créatures peuplant ce monde sombre et laisser juste son cerveau s’avancer à tâtons en éveillant d’autres sens. En tout cas, c’est ce que le premier morceau vous suggère, et de toute façon, vous y êtes déjà plongé sans vous rendre compte au royaume de Jormungandr, fils de Loki, serpent des mers entourant le monde.
Après Jormungandr, Illuyanka vous accueille doucement, toujours de manière hypnotique avec une petite pluie fine, pluie qui tapote de ses notes de guitares afin de mieux vous préparer à l’orage, oui parce que Illuyanka est le dieu de l’orage de la mythologie hittite (2e millénaire av. J.C dans la région d’Anatolie). L’orage arrive doucement, avec les lignes de guitare pleine de douceur, on pourrait presqu’entendre le grondement sourde au loin. Ces deux morceaux qui s’enchaînent sont d’une beauté absolue dans la cours des boucles infinis.
Le 3ème morceau arrive avec une attaque de basse dynamique qui sera présent sur tout le morceau, indiquant qu’on est en pleine tempête, une tempête qui n’en finirait pas. La basse sera présente sur tout le morceau, soutenant des sonorités bien psychédéliques comme il faut, les lignes de claviers par ci par là donnent de la profondeur à ce morceau bien dynamique, on visualise bien une chasse à Kirimu, la créature chimérique de Final Fantasy, en pleine pluie battante et éclairs dans le ciel!
Si vous êtes encore là, c’est que vous êtes hypnotisés et que l’aventure de plus en plus profond vers les entrailles du mal ne vous fait pas peur. Alors, allons-y donc. On garde le même cap, mais cette fois ci beaucoup plus planant puisque ce morceau est consacré à Yamata No Orochi, le dragon asiatique maléfique à 8 têtes et 8 queues, cette bête pleine d’écaille et au corps de serpent planant dans les cieux, menaçant avec ses 8 têtes. Pour eux, le ciel est un mer avec des îles de nuages, alors le groupe nous enrôle dans ce voyage aérien nocturne avec un jeu de guitare profond mais léger, à nous faire planer, encore et encore, enroulés dans les vapeurs nuageux du royaume céleste. La musique est ondulante, comme ce long dragon qui serpent légèrement en fendant les airs. Toi, dans le fond, tire une dernière taf sur ton bédo et viens nous rejoindre car on va juste bouger un tout petit peu, vers la Perse pour continuer sur les mêmes cieux avec Azi Dahakar, le serpent à trois tête maléfique de la Perse antique! Ce morceau peut très bien être la second partie du précédent tellement la structure harmonique est similaire: hypnotique, les lignes de guitare cajoleuses qui reposent sur la basse ronde et épaisse, soutenu par la batterie. L’ensemble est dynamique et aérien malgré quelques passages lents.
Puis voilà arrive Typhon, ce double serpent ailé grec, fils de Gaïa, titan des vents et des tempêtes, la lourdeurs de la musique nous ramène vers les profondeurs, dans l’œil de la tempête, là où réside le noyau du mal avant de nous recracher par le bouche du typhon. La basse est très présente, comme une menace, comme ce calme de la nature avant la tempêtes des monstres tapissant dans l’ombre. Magistral.
Mais la tempête se calme pour de vrai pour laisser place à Vritra, le dragon (ou serpent selon les écrits) védique de la sécheresse car c’est lui qui obstrue la source d’eau des mondes. Il avance royalement dans le néant, rayonnant, repoussant les dernières obstacles que Typhon n’a pas emporté avec lui, tranquillement comme le son de la guitare, comme son essence qui est l’inertie et la résistance. Son arrivé pour le dernier morceau de l’album est comme un message appelant au calme, de laisser au néant cette tranquillité et cette immobilité propre au néant, de redonner à ce puits sa profondeur primordiale. La musique se dilate, rampe, et habite toute l’espace et enfle comme une fleur qui s’épanouit sous les rayons de l’espace infinie.
Et ainsi, tu as fini ton bédo, tu peux dormir tranquillement maintenant.