Artiste : Blackwater Holylight
Origine : Portland, OR – USA
Date de sortie : 2019
Genre : Heavy Psych, Stoner, Doom Rock, Grunge occulte
Attention, gros, GROS coup de foudre musical.
Entre le nom, la typographie choisie, les dégaines de rockeuses, les coupes de cheveux et la photo contrastée en noir et blanc, cette pochette annonce la couleur : on est dans les 70’s. Mais y est-on vraiment ?
Déjà non, le groupe s’est formé en 2016, premier album en 2018, et la galette qui nous intéresse ici est de 2019. Mais au-delà de ça, Blackwater Holylight sont loin de se contenter d’être un 84297247e groupe de stoner tourné vers les 70’s avec du fuzz et un worship total pour Sabbath.
Blackwater Holylight, ou « La lumière sacrée des eaux noires », est un nom fait de contrastes. Et des contrastes il y en a dans la démarche du groupe : passéisme et modernité, lourdeur et légèreté, âpreté et douceur… Ces cinq musiciennes de haute volée ont un don pour absorber tous ces contrastes et les présenter à l’auditeur avec une harmonie et un naturel désarmant.
C’est immédiat et catchy, il n’y a pas un seul riff – pas un seul – qui ne soit pas ultra efficace, mais les chansons ne sont pas verrouillées sur des schémas typiques ; ce sont plutôt des couches de grattes, de rythmes et d’harmonies qui vont et viennent, se superposent et se fondent, comme les reflux successifs et imprévisibles de la mer sur le sable.
Le contraste le plus évident de cet album est bien sûr celui entre la lourdeur des riffs au fuzz parfaitement dosé, et la légèreté des harmonies vocales des chanteuses. Ces voix magnifiques qui chantent en soprane des complaintes certes douces et posées, mais pas dénuées de tension ; on ne sait pas trop si l’on a affaire à un choeur de jeunes femmes hippies qui chantent l’amour et la nature, ou à un sabbat de sorcières en plein rituel. La langue anglaise possède le mot parfait pour qualifier cette ambiance : Eerie. Un chant à la fois apaisant et inquiétant, qui a quelque chose de surnaturel.
Mais au-delà de cet aspect évident, il y a une fusion naturelle d’éléments de Stoner, de Desert Rock, de Heavy Rock 70’s mais aussi de Grunge voire de Post Punk dans les différentes strates de Veils of Winter. Ecoutez-le une fois, deux fois, dix fois, vous trouverez encore de nouvelles choses alors que l’ensemble parait simple, ultra simple, facile et immédiat au premier abord. C’est super riche et ça s’écoute tout seul.
J’aime pas faire de description piste par piste mais en 2 tracks : vous voulez du riff et du gros groove ? Motorcycle. Vous voulez les incantations des sirènes ? Lullaby.
Bref, c’est du grand art. Un groupe de grandes professionnelles que je vais suivre de très très près, d’autant plus qu’elles ont récemment annoncé leur prochain album qui a été enregistré en collaboration avec un petit gars que j’aime bien, et qui est très actif sur la scène Doom des abords de Portland… To be continued.