You Don’t Own Me – un hymne à la liberté

You Don’t Own Me

Not someone’s daughter. Not someone’s mother. Not someone’s sister. Simply a human being, free and strong.

Une #Monomaniaquerie pour la journée internationale des droits de la femme? A vrai dire, je ne l’avais pas prévu, mais il s’avère que les astres étaient bien alignés, en même temps que la marée mi-basse/mi-hausse/mi-violet était de bonne augure. Et surtout que ma rédaction, écrite au clair de lune, parce que dormir, c’est pour les faibles, a disparu dans les limbes de la toile. Cela a achevé par me convaincre que c’est un grand complot contre le fait que j’écrive quoi que ce soit pour cette journée. Alors j’ai dit à l’univer d’aller se faire voir et je l’ai réécrit.

Parmi pléthore de chansons qui mettent en avant les femmes, ses droits, ses forces, et tout ce qu’elle incarne de génial, il y en a une qui n’arrête pas de résonner dans ma tête depuis quelques années déjà, c’est You Don’t Own Me. Chanson que j’ai découvert dans la saison deux de American Horror Story, chantée par la merveilleuse soeur Mary-Eunice dans sa chambre de nonne, possédée par le diable, parée de la lingerie rouge (qu’elle a volé à la mère supérieure) en dansant de manière sulfureuse. Cette scène est extraordinaire tellement elle transpire une liberté exubérante et provoquante au vu du contexte du personnage incarnée par Lily Rabe. Depuis ce jour, cette chanson ne m’a plus jamais quitté et je continue de la fredonner de temps à autre car non seulement la mélodie est incroyablement inspirante et jolie, les paroles ne sont pas en reste.

La chanson est sorti un 21 Septembre 1963 et elle a eu l’effet d’une bombe! Il est l’histoire d’une jeune femme qui s’émancipe et qui dit à son petit ami qu’elle ne lui appartient pas et qu’il n’a pas le droit de lui dire quoi dire ou quoi faire, ou de l’utiliser comme une trophée, parce qu’elle est jeune et libre et que s’il déconne, elle va partir. Ce côté désinvolte est inédit, car jusqu’alors, dans les chansons chantées par les femmes à l’époque, la plupart du temps, l’histoire raconte ce que les filles font pour attirer et retenir l’attention des hommes, jamais elles ne s’en aillent! Cette chanson a eu une énorme succès (elle est restée à la 2ème position au top 100 Billboard US, juste après une chanson des Beatles, pendant 3 semaines!) et un grand impact sur la société américaine à l’époque puisqu’elle est devenu un hymne pour les manifestations de la deuxième vague du féminisme. Même jusqu’à aujourd’hui, elle est chantée et reprise par beaucoup d’artistes et partout où on chante la liberté et l’émancipation des femmes.

Alors, certains spécialistes ont nuancé en disant que: « rooo mais quand même, la chanson, elle a été écrite par deux hommes! » Et en effet, cette chanson a été écrite par John Madara et David White, tous deux compositeurs et interprètes à succès à l’époque. Mais en fait… J’ai envie de dire: et donc? Quand on gratte juste un peu, on voit que malgré le fait qu’elle ait été écrite par des hommes, son sens, sa force et son impacte sont toujours là, ça ne change rien. Et le plus important, cela n’a pas été crée pour les hommes, mais bel et bien pour les femmes, et plus encore, pour tous ceux qui en ont besoin! Car au delà de ce message d’émancipation féministe, cette chanson traite tout simplement du respect. Le respect et la dignité. Ici, il n’est nulle question de faiblesse, de larmes ou de drame, il est juste question d’une personne qui prend sa liberté en main, qui demande le respect, dignement, sans aucune autre forme de procès et pose ses limites. C’est aussi simple que ça, mais c’est un message puissant puisqu’aucune égalité n’est possible sans ce respect vis à vis de l’autre, dans toute son humanité et son individualité. Et c’est cette force qui fait que cette chanson est inspirante. Elle n’infantilise pas, elle montre le pouvoir que chacun a entre ses mains.

You don’t own me
Don’t try to change me in any way
You don’t own me
Don’t tie me down ’cause I’d never stay

I don’t tell you what to say
I don’t tell you what to do
So just let me be myself
That’s all I ask of you

I’m young and I love to be young
I’m free and I love to be free
To live my life the way I want
To say and do whatever I please

Et puisqu’il faut parler de pouvoir et de liberté. Il est à noter qu’au départ, John et David voulaient écrire cette chanson pour une autre chanteuse, Maureen Gray. Mais quand Lesley Gore a rencontré John et David dans un hotel New Yorkais où elle enregistrait un autre morceau et a entendu la chanson, interprétée par Madara et White à la guitare, elle a décidé qu’elle chantera cette chanson. Elle leur a tout de suite demandé de la retrouver au studio de Quincy Jones (son producteur à l’époque) pour un essaie et aussi pour montrer à Quincy qu’elle est capable, vocalement et humainement, d’autres choses que le rôle de la jeune fille docile qu’il semblait vouloir la cantoner. Et cela marche! De son propre aveu, Lesley a trouvé ça génial d’être sur scène, à 17 ans, et dire aux gens (surtout aux hommes) qu’elle est jeune et libre et qu’il ne faut pas lui dire quoi faire, si non, elle se barre! Et c’est quelque chose de terriblement subversive pour l’époque. Plus empowerment que ça, tu peux pas!

D’ailleurs, selon le témoignage directe de John Madara, à l’époque, avec White, ils avaient remarqué que la plupart des chansons écrites pour les chanteuses traitaient toujours de l’amour romantique où les femmes subissent la goujaterie des hommes et ils en avaient marre, ils souhaitaient proposer quelque chose d’autre. De plus, John raconte aussi qu’une des sources d’inspiration pour cette chanson vient de son expérience vécue à Philadelphie, quand il a été témoin du mauvais traitement que subit la communauté noire américaine, c’est quelque chose à laquelle il est très sensible. Et c’est aussi, très proprablement, pour cette raison que cette chanson, plus qu’un hymne pour le féminisme, est un hymne pour le respect et la dignité, qu’elle dépasse la frontière de la lutte des femmes puisqu’elle résonne aussi fortement dans le milieu gay et lesbienne.
Elle a souvent été utilisée lors des gayprides et un certains Klaus Nomi l’a tellement adoré qu’il en a fait une reprise. Le poète gay David Trinidad adore tellement cette chanson que quand il est sorti, il a usé son vinyle, à l’écouter encore et encore dans sa chambre. D’ailleurs, la chanson lui a inspiré le poème “Answer Song” (1994) dans lequel il raconte la vie fictive de Lesley après son mariage, toujours une femme douce et aimante mais digne et ferme, qui a conscience de sa valeur en tant qu’être humain.
Et pour finir, Lesley est lesbienne elle-même et si elle n’a jamais fait de comming out fracassant, elle n’a jamais caché ce fait. Les photos de l’époque lui montrent de temps en temps avec une chevalière au petit doigt, utilisée pendant cette période comme symbole discret de l’apartenance à la commuauté gay et lesbienne. Dans une interview, elle a dit que tout le monde savait pour son homosexualité, ses proches (familles et amis) et tous ceux qui travaillent avec elle le savaient, et d’ajouter “…I didn’t avoid anything, I didn’t put it in anybody’s face. Times were very different then, so, you know, I just tried to live as normally as humanly possible. But as truthfully as humanly possible” (Swartz 2005).

Presque 60 ans après, cette chanson n’a rien perdu en impact dans son message originel, pour la liberté et la dignité. Elle donne toujours du baume au coeur et encourage des générations et générations de gens à prendre leur destin en main, à rester digne et à demander le respect pour leur humanité et leur individualité. Pas étonnant qu’elle ait été repris de nombreuses fois par moult artists talentueux, et c’est ce que je vous propose ici.
Je commence avec une reprise de la cheffe des punk, Joan Jett, la version de Lesley Gore, pleine de fraicheur arrive juste après, suivi d’autres versions tout plus superbes les unes que les autres.

Quelques articles intéressants qui proposent une belle analyse sur l’impact de cette chanson: https://www.libertarianism.org/publications/essays/you-dont-own-me
https://text.npr.org/735819094

La photo de couverture et l’image présentative sont des oeuvres réalisées par Yam pour l’oganisation Women Of the World (WOW).

Voici la version originelle, chanté par Lesley Gore, elle brille par sa fraîcheur et par son ingénuité.

Lesley a tellement adoré cette chanson qu’elle-même a fait des traduction et interpêté dans d’autres langues dont voici la version allemande, chanté par elle-même.

Elle chante aussi sa version italienne, mais je vous laisserai chercher par vous même si ça vous intéresse, je vous propose cette version chantée par Dalida

Et biensûr que la chanson a été adaptée en français, aussi chantée par Lesley Gore, mais elle est aussi interprêtée par Dalida et Jacqueline Boyer. Il est dommage que la fougue et l’inspiration des paroles originelles ne sont plus dans la version française. On retourne à l’image de la femme désespérée de l’attention de son amoureux!

Revenons à la version anglaise, une des reprises les plus célèbres est celle fait par Dusty Springfield. Et c’est la version utilisée dans la série AHS.

Notre Arielle nationale a repris le morceau en anglais avec The Hillbilly Moon Explosion. Qu’on l’aime ou pas, Arielle, il faut avouer qu’elle nous offre ici une version pleine de sensualité.

Une magnifique version reprise par The Blow Monkeys, groupe de new-wave, pop anglais, avec un chant torturé et cette saxo! Cette saxo!!!!

Une remarquable reprise par Jessica Dobson (Deep Sea Diver, Yeah Yeah Yeah, etc.), accompagnée par sa comparse Tazlyn Gue, à l’antenne de KEXP, envoûtant et enchanteur.

La reprise lancinante et mélancolique du duo rock suédois Masquer. De quoi foutre la chair de poule avec le tempo plus lent et plus distort.

Je vous ai parlé plus haut d’une reprise de Klaus Nomi, elle est là, dans toute son extravagance, son exubérance, à l’image de celui qui la chante!

Encore un homme qui reprend cette chanson, une icône et une voix magnifique. Je parle, biensûr de Demis Roussos, bah quoi!!?? 😀

Une superbe version chantée par Ann Wilson, accompagnée à la guitare par Warren Haynes. Magnifique reprise rock avec une belle vidéo qui reflère les luttes de toutes les communautés opprimées américaines.

Vous aimez Cate Blanchette en tant qu’actrice? Vous allez l’aimer aussi en tant que chanteuse avec cette interprétation envoûtante.

Avant de finir, je vous propose la reprise de la jeune chanteuse australienne, Grace, la version revisitée, avec le rappeur G-Eazy, qui a contribué à redonner un coup d’éclat à ce morceau en 2016. C’est le morceau utilisé dans le film Suicide Squad.

Et pour finir, et je sais que vous l’aimez tous beaucoup ici, voici Shirley Manson, dans un live exclusif avec Fiona Apple et les deux chanteuses vous offrent un pure moment d’intensité et de merveilleuse sororité. Enjoy!