Distorted Harmony – Chain Reaction

Artiste : Distorted Harmony

Origine : Israel

Date de sortie : 2014

Genre : metal progressif

Note : 8,5/10

Si Utopia offrait quelques moments réellement inspirés, il se démarquait trop peu de l’omniprésente influence de Dream Theater, et souffrait parfois des mêmes travers que les albums des années 2000 de la bande à Petrucci. Néanmoins, ce premier disque permettait à Distorted Harmony de se faire un nom dans la sfère metal prog du début de la décennie, et ça ne faisait que commencer. En assurant la première partie de grands noms tels Neal Morse ou Mike Portnoy lors de leurs venues respectives à Tel Aviv en 2013, le groupe accroissait encore plus sa renommée, et il ne restait plus qu’un segond album plus abouti pour confirmer ces promesses.

Les Israéliens s’y attèlent dès la fin de l’année 2013, toujours composés de Misha Soukhinin alias Michael Rose (chant), Guy Landau (guitare), Yoav Efron (claviers), Iggy Jackson-Cohen (basse) et Yogev Gabay (batterie). Après avoir sollicité un financement participatif, le groupe passe toute la première moitié de l’année 2014 à enregistrer son prochain disque, qui sort finalement en juillet sous le nom de Chain Reaction. À une époque où les clones plus ou moins talentueus de Dream Theater fourmillent de toute part, Distorted Harmony doit frapper très fort s’il veut exister dans le petit monde du metal prog.

Every Time She Smiles ouvre le bal dans un registre Dream Theater-Muse très bien ficelé, à la limite de la pop parfois, et on constate d’emblée que le groupe a gagné en personnalité, les mélodies accrochent beaucoup plus et les parties plus métalliques sont également bien mieus distillées, un début très prometteur, et le meilleur reste à venir. Difficile en effet de résister au charme d’un morceau aussi extraordinaire que Misguided, sans aucun doute un des moments les plus épatants de l’album! Doté de mélodies plus séduisantes que jamais et d’un refrain déchirant de beauté, ce titre fait montre d’une richesse musicale incroyable, avec en prime un passage instrumental prodigieus dans lequel les claviers et la basse sans fret en mettent plein la vue tout comme les parties de guitare tantôt lourdes tantôt plus douces, un véritable bijou! Et que dire de Natural Selection, où là encore Distorted Harmony fond à merveille les influences combinées de Dream Theater et Muse tout en y ajoutant sa patte pour un nouveau grand moment de metal prog, tout simplement éblouissant! Le groupe offre également deus intermèdes certes courts mais loin d’être dispensables. Le premier, Nothing, plante une ambiance électronique captivante et annonce l’orientation musicale future du groupe. Mais c’est surtout le segond As You Go, plus acoustique et épuré, qui fait forte impression, les douces mélodies de guitare et la voix charmeuse de Michael Rose sont un véritable régal pour les oreilles et font des 3 minutes 14 de ce morceau l’un des passages les plus réussis du disque!

À certains moments, le groupe retombe néanmoins dans ses travers à singer trop clairement le Dream Theater « djentisant » des années 2000. C’est en particulier flagrant sur Children Of Red ou As One qui restent agréables à écouter mais qu’on peut raisonnablement considérer comme des temps faibles de l’album. Cependant, cette recette fonctionne étonamment bien sur Hollow, qui sonne autant si ce n’est plus Dream Theater que les titres précédemment cités mais avec cette fois beaucoup plus d’inspiration! Le refrain est super accrocheur, et les couplets, coincés quelque part entre le grand Dream Theater des années 90 et Pain Of Salvation, font des merveilles, comme quoi tout peut changer lorsque l’étincelle de génie est là. L’album s’achève avec l’excellent Methylene Blue, où le groupe s’adonne à nouveau à d’envoutantes explorations électroniques, avant une explosion metal prog de très haute volée, de quoi déjà promettre de très belles choses pour l’avenir!

Pas encore totalement affranchi de l’influence Dream Theater mais bien plus que sur Utopia, Distorted Harmony signe un Chain Reaction très inspiré et doté de plusieurs moments de grande classe. Si l’album manque encore d’un brin de magie pour rivaliser avec les meilleurs, il s’en rapproche beaucoup et le groupe semble capable d’accomplir de vraies merveilles dans un avenir proche.

La qualité de Chain Reaction ne passera pas inaperçue et la renommée de Distorted Harmony connaitra un vrai bond dans les mois qui suiveront la sortie de ce segond disque. Ainsi, le groupe qui n’avait jusqu’ici joué qu’en Israel entame sa première tournée étrangère en novembre 2014 avec une série de dates aus Pays-Bas, avant de signer une prestation de qualité dans l’édition 2016 du festival ProgPower Europe, toujours aus Pays-Bas. Et si le départ du guitariste Guy Landau en 2017 avait de quoi inquiéter, son remplaçant Yoel Genin dissipera vite les doutes, avec à la clé un nouveau trionfe, cette fois au ProgPower USA 2017. Une ascension idéale donc, qui ne demandait alors qu’à être confirmée par un troisième album, qui finira par arriver durant l’été