Comme le soulignait Alex précédemment, faire une simple liste de ses propres albums préférés n’a que peu d’intérêt aux yeux des autres, et c’est peut-être en réalité le “pourquoi” ou la raison de cette liste là précisément, et parfois de son ordre, qui sont intéressants. C’est aussi une possibilité de faire découvrir ou redécouvrir la force d’une oeuvre, à travers des mots simples, d’attiser la curiosité, de chercher à allumer la même flamme que celle qui nous a consumée à l’écoute de ces créations qui est un atout de ces Tops que nous nous efforçons à faire ici au Riff, chaque fin d’année désormais. Et évidemment, dans le choix de ce classement-ci, c’est le cœur qui parle.
Cette année 2021 fut encore particulière, nous le savons tous. Pour ma part j’ai noté quelques évènements qui m’ont marqués, au delà de tous ceux qui inondent les actualités :
- le split de Numenorean, le retour de Mudvayne (on peut encore attendre pour des dates en France…), l’annonce de nouvelles sorties à venir en 2022 (Cult of Luna, Karnivool… et j’en passe)!
- Les concerts et festivals annulés ou reportés à 2022 (Hellfest 2021 annulé en mars), puis la reprise des concerts et des nouvelles annonces (double édition exceptionnelle du Hellfest prévue en 2022) puis de nouveau les annulations ou reports à venir pour 2022 ou 2023 (Tribulation, Septicflesh…)!
- Les concerts d’Anna Von Hausswolff annulés ou joués en cachette en France à cause d’un groupe d’extrémistes.
- Le départ du batteur Martin Axenrot de chez Opeth pour conflits d’intérêts…
- Des tas et des tas de découvertes plus ou moins récentes grâce aux milliers de publications sur La Communauté du Riff (19 634 au moment où j’écris ces lignes, depuis le 1er janvier 2021, pour être précis) et grâce aux échanges entre les membres! Mais aussi grâce à la presse papier qui a fait un travail remarquable pour continuer à nous informer, à garder le contact avec nombre de groupes et d’artistes, et dénicher de belles découvertes (mention spéciale à New Noise magazine pour ça)!
- Et le plus important de tout (c’est comme ça qu’on lèche bien les bottes), mon arrivée dans l’équipe de modération de La Communauté du Riff, groupe fabuleux qui nous réunis autour de notre passion commune pour la musique amplifiée et distordue (ou pas)!
- Ou alors c’est peut-être le nouveau Matrix qui est sorti le 22 décembre et qui me rappelle que c’est la BO du premier volet de la saga qui m’a donné le goût du metal (avec Rage Against The Machine, Deftones, Marilyn Manson…).
Voilà un peu le bilan de l’année résumé dans ces quelques faits. Mais le bilan le plus important, pour nous, passionnés de musique, n’est-il pas le bilan de notre année musicale? Évidemment pour que ce bilan soit complet, il aurait fallu que j’y insère les albums, morceaux ou groupe qui m’ont le plus accompagnés, ou les albums de 2020 que je n’ai découvert ou pris le temps de découvrir qu’en 2021… mais je vais essayer de coller au principe du bilan des sorties de 2021, avec mon TOP 30.
Les belles surprises et les découvertes
Tout d’abord, je tenais à mettre en lumière quelques sorties inattendues ou que je ne m’attendais pas forcément à aimer et qui pourtant ont une place ici! Et une belle place.
Les premiers dont je veux parler c’est Junon, groupe français, né des cendres du groupe General Lee, qui avait eu sa petite réputation à l’époque, et qui via ce changement de nom s’offre un bol d’air vers des horizons un peu plus élargis. Leur EP The shadows Lengthen, c’est 4 morceaux, 19 minutes, d’une musique intense, poignante, et qui prend aux tripes. Vivement qu’ils nous en donnent plus, et vivement que je puisse les voir en live!
Dans les autres grosses découvertes de l’année, il y a ce bel et fascinant Celestial Blues de King Woman! Cet album est comme une drogue à laquelle on ne peut s’empêcher de revenir tant on est pris par les mélodies et la profondeur qui l’habitent. Je dois à mon ami Alex, qui nous en a tant vanté les mérites, cette plongée dans les abîmes, grâce entre autres à sa chronique qui m’a particulièrement parlé (à lire et écouter ici).
Un autre album sur lequel je suis pas mal revenu, et qui m’a marqué, accompagné d’un film long métrage désormais disponible en VOD, c’est cette production réalisée par Atticus Ross et Trent Reznor (Nine Inch Nails) : If I can’t have love, I want power, l’album de la chanteuse Halsey. Une forme de brûlot féministe (et l’album et le film) d’une force incroyable que je conseille à tout.e.s.
Je suis enfin tombé dans les griffes d’Andrew W.K. qui ne m’avait jamais vraiment accroché avant, mais là, avec son Stay true to your heart et son refrain à chanter à tue-tête, je ne réponds plus de rien ! Il y a eu aussi une autre belle découverte pour moi, ce groupe à qui je n’avais jamais laissé sa chance : Between the Buried and Me. Leur dernier album et son motif d’intro qui revient pendant tout l’album m’ont accompagné depuis la sortie et je me suis surpris à avoir le besoin d’y revenir plusieurs fois, signe suffisant pour indiquer qu’il me plaît beaucoup! Et je finis ce chapitre par une très belle découverte, sublime, qui saura caresser votre cœur qui a besoin de tendresse : Ruin of Romantics. Une collaboration entre quelques noms de la scène française qui donne quelque chose d’unique, de délicieux et de déjà culte.
Le côté obscur de la force
Du côté obscur des sorties, j’ai relevé trois noms. Le premier, c’est Hegemon, dont j’attendais l’album avec la plus grande joie, et qui ne m’a pas déçu (ma chronique ici). Le groupe de Black Metal français montre, 6 ans après son précédent album, qu’il est bel et bien présent et qu’il a toutes les cordes à son arc pour toucher un grand nombre d’amateurs de metal en tout genre.
Le deuxième c’est Modern Rites, un “two men band”, formé d’un guitariste du groupe Aara, et du multi instrumentiste Jonny Warren (Kuyashii). Cet album composé et enregistré à distance entre les deux hommes, donne l’une des plus intenses et sombres claques que je me sois prise cette année, et j’en ai re-demandé de nombreuses fois!
Le troisième c’est Sarke, groupe norvégien avec un certain Nocturno Culto (Darkthrone) au chant, et qui nous donne avec Allsighr quelque chose dans la continuité du très bon précédent album, pratiquant un mélange des genres du plus bel effet et plein d’énergie.
Le côté clair de la force
Une bonne partie de mon top et des disques que j’ai écoutés en boucle cette année sont des albums joyeux, ou colorés, ou qui sont plein d’une énergie positive! Ou en tout cas, des disques qui ne sombrent pas dans les gouffres infernaux de la distortion et de la double pédale. En premier lieu je citerai, presque évidemment, le dernier Turnstile, qui se retrouve dans bon nombre d’autres classements cette année! C’est péchu, efficace et c’était un peu la bande son idéale de la fin de l’été. Dans ceux qui m’ont apportés de la clarté dans cette année encore difficile, il y a :
- The War on Drugs avec leur très beau I don’t live here anymore, un album sensible et touchant (chronique à lire ici)
- My Morning Jacket qui nous chante l’amour et la perdition de l’être humain moderne dans une technologie abrutissante
- le retour surprise (mais attendu) de Genghis Tron qui a sorti un album excellent, car oui il y a de l’excellence, sur ce Dream Weapon que je trouve lumineux.
- Lantlôs, qui signe une oeuvre aérienne pleine de superbes envolées, un album que je n’ai pas lâché et qui avait comme un goût de reviens-y
- et enfin cet excellent Quicksand! Distant Population est tout simplement un grand album et déjà un classique qui tourne en boucle chez moi. Jetez-y vos oreilles!
Les classiques et incontournables qui mettent en joie
Cette année nous avons eu la chance de voir de nombreuses sorties de groupes qui n’ont plus à faire leurs preuves et qui ont su nous montrer pourquoi. Comme des évidences, mais qui procurent un bonheur déraisonnable, tant le plaisir de les retrouver est à chaque fois immense, surtout quand ils se surpassent. Et cette année, ceux qui m’ont mit en joie ne sont rien d’autres que Leprous (chronique ici), Gojira (évidemment!), Cult of Luna (toujours aussi bons même en version EP), la surprise Deafheaven qui a laissé son Post-Black Metal de côté et nous offre un des plus beaux disques de l’année, le très bon Monolord (chroniqué par ici) lourd et lent bien comme il faut, mais aussi Tribulation, At The Gates, Aborted et Darkthrone qui ont chacun à leur manière sortit un album à leur propre sauce, mais une sauce toujours succulente et qui se boit comme du petit lait. Enfin, grosse pépite parue en toute fin d’année, l’énorme Worship d’Hypocrisy qui écrase tout sur son passage.
Et enfin… le TOP 5 : les claques renversantes
C’est là que ça devient sérieux. Toutes les sorties précédentes ont eu une importance, mais je ne leur ai pas vraiment donné d’ordre de préférence. J’ai tenté de placer en tête de liste celles qui ont été fondamentales et qui m’ont bouleversées cette année.
5 – Aerosol Jesus : Survive
Découvert grâce à un petit encart dans New Noise magazine, cet EP de 5 titres m’a lacéré le cœur et a été comme le porte parole de certaines souffrances personnelles. Rarement j’avais entendu une œuvre qui déclenchait chez moi aussi automatiquement de telles émotions, vives, brutes. Une simplicité féroce, un son du trauma, auquel j’ai eu besoin de me rattacher pour me sentir moins seul.
4 – Crown : The End of All Things
Un album qui aura fait beaucoup parlé de lui cette année, et qui a été déjà encensé par nombre de membres de notre communauté au sens large. Un son intense et prenant, une voix qui vous emporte. Cet album est incontestablement l’un de ceux que j’ai le plus écouté cette année et qui m’a procuré le plus de joie à l’écoute.
3 – Stone Healer : Conquistador
Découvert par hasard suite à un post d’Alex (encore lui!) sur la communauté, ce groupe m’a touché tout de suite, coup de cœur immédiat et démesuré. Une musique encore une fois qui fait appelle aux plus profondes blessures de son créateur principal et qui vient toucher les miennes. On est transporté dans un univers de rage, de force, d’amour et de vie.
2 – Emma Ruth Rundle : Engine of Hell
J’ai décidé de classer mes albums, mais celui-ci est clairement ex-aequo avec le numéro 1 de mon classement. Il a peut-être juste la malchance d’être sorti bien plus tard dans l’année et j’ai donc eu moins le temps de tisser une relation privilégiée avec.
Emma Ruth Rundle a créé là une œuvre si intime, si pure, si troublée, qu’on ne peut qu’être touché dès les premières notes. Return, et son clip magique, retourne le cœur et fait pleurer à chaudes larmes qui a déjà connu la détresse amoureuse. Le reste est d’une telle beauté que cet album mérite une reconnaissance éternelle, en plus du statut de disque déjà culte.
1 – Amenra : De Doorn
Enfin, l’album que j’attendais le plus de l’année et qui m’a tout d’abord perdu. Premier single sorti, et je n’ai pas compris tout de suite. Il m’a fallu y revenir plusieurs fois à ce De Evenmens et son clip épineux avant de saisir l’intensité. Tout comme l’album, écouté une première fois, puis mis de côté, au repos, avant d’y revenir, par besoin. Et ce fut un choc. Un énorme choc. L’ensemble est immense, c’est un univers entier de douleur et de frissons. Accompagné de Caro Tanghe (voix de Oathbraker), Amenra a composé là un autel à la gloire des larmes qui parsèment l’âme humaine.
TOP 30, la liste
Et voici donc la liste :
- Amenra – De Doorn
- Emma Ruth Rundle – Engine Of Hell
- Stone Healer – Conquistador
- Crown – The End of All Things
- Aerosol Jesus – Survive
- Leprous – Aphelion
- Junon – The Shadows Lengthen
- Gojira – Fortitude
- Cult of Luna – The Raging River
- Deafheaven – Infinite Granite
- Genghis Tron – Dream Weapon
- The War on Drugs – I Don’t Live Here Anymore
- Turnstile – Glow On
- My Morning Jacket – My Morning Jacket
- Quicksand – Distant Populations
- Lantlôs – Wildhund
- Ruin Of Romantics – Velvet Dawn
- Monolord – Your Time To Shine
- Andrew W.K. – God is Partying
- King Woman – Celestial Blues
- Tribulation – Where the Gloom Becomes Sound
- Halsey – If I Can’t Have Love, I Want Power
- Hegemon – Sidereus Nuncius
- Modern Rites – Monuments
- Between the Buried and Me – Colors II
- At the Gates – The Nightmare Of Being
- Aborted – ManiaCult
- Sarke – Allsighr
- Darkthrone – Eternal Hails……
- Hypocrisy – Worship
Bonus : La complète
Au-delà de mon Top 30, j’ai une liste d’albums ou de sorties qui sont de la fête aussi et qui ont marqué cette année de musique. La voici! Et oui c’est un top 77 (représente!).
- Cannibal Corpse – Inhumane Harvest
- Nightfall – AT NIGHT WE PREY
- Wode – Burn In Many Mirrors
- Rover – Eiskeller
- Gorgon – Traditio Satanae
- Evergrey – Escape Of The Phoenix
- Devin Townsend – Devolution Series #1 – Acoustically Inclined, Live in Leeds
- Light The Torch – You Will Be the Death of Me
- Crescent – Carving The Fires of Akhet
- Cirith Ungol – Half Past Human
- Sabhankra – Death to Traitors
- Thron – Pilgrim
- King Buffalo – The Burden of Restlessness
- Ex Deo – Imperator
- Emma Ruth Rundle – The Helm of Sorrow
- Sun Crow – Quest for Oblivion
- Seum – Winterized
- White Stones – Dancing Into Oblivion
- Nahtram – Forest of Eternal Dawn
- Hour of 13 – Black Magick Rites
- Kal-el – Dark Majesty
- Parcels – Day/Night
- Converge – Bloodmoon: I
- Baron Crâne – Les beaux jours
- Bullet for My Valentine – Bullet For My Valentine
- Blackwater Holylight – Silence/Motion
- Dream Unending – Tide Turns Eternal
- Maybeshewill – No Feeling is Final
- møl – Diorama
- Pili Coït – Love Everywhere
- Soen – Imperial
- The Lurking Fear – Death, Madness, Horror, Decay
- Chelsea Wolfe, Emma Ruth Rundle – Anhedonia
- Bongzilla – Weedsconsin
- Heiress – DISTANT FIRES
- Liars – The Apple Drop
- Antoine Wielemans – Vattetot
- So Hideous – None But a Pure Heart Can Sing
- Bog Wizard – Miasmic Purple Smoke
- Maudits – Angle Mort
- Cynic – Ascension Codes
- Suffocate for Fuck Sake – Fyra
- Ghost – Hunter’s Moon
- Endless – Lapse: The Guilt We Hold
- Employed To Serve – Conquering
- Year of No Light – Consolamentum
- Saar – Gods