Artiste : The Killers
Origine : Nevada, États-Unis
Date de sortie : 2017
Genre : post-punk, heartland rock, synthpop
Note : 9,5/10
Malgré la nouvelle parantèse solo de Brandon Flowers (dont le Desired Effects de 2015 a recueilli un grand succès), les Killers sont restés très actifs sur scène tout au long des 5 années qui ont suivi la sortie de leur quatrième album Battle Born en 2012. Si ce dernier manquait peut-être du brin d’inspiration supplémentaire qui faisait de ses trois prédécesseurs des chédeuvres, il permettait au groupe de se maintenir dans l’élite du rock moderne à une époque où le genre subissait une lourde chute de popularité qui n’a fait que s’accentuer ensuite.En septembre 2016, le quartet au complet était de retour en studio pour l’enregistrement de son cinquième album studio, accompagnés pour la troisième fois consécutive de Stuart Price à la production, mais également de Jacknife Lee et Erol Alkan, deux producteurs au CV bien rempli qui travaillaient pour la première fois avec le groupe. Les sessions dureront jusqu’en mai de l’année suivante, et l’album, baptisé Wonderful Wonderful, sortira finalement en septembre 2017, 5 ans quasi jour pour jour après la sortie de Battle Born.
Le morceau-titre Wonderful Wonderful ouvre le bal dans un registre très aérien et un brin U2-esque, mené par une ligne de basse lourde et offrant notamment un refrain épique très prenant, une entrée en matière qui annonce le meilleur pour la suite. Le groupe dégaine ensuite l’artillerie lourde avec The Man, un tube synthpop d’une redoutable efficacité et doté d’un refrain de feu, le genre de missiles qui en d’autres temps aurait figuré parmi les hits de l’année, tout simplement irrésistible! Et que dire de Run For Cover, tout aussi furieusement accrocheur mais dans un registre post-punk plus riffé et cure-esque, on y retrouve l’énergie et la fraicheur des premiers albums associés à la maturité d’écriture des derniers, un véritable bijou qui achève de prouver à quel point les Killers sont une redoutable machine à tubes! Plus heartland, Tyson Vs Douglas ressemblerait presque à une version indie/new wave de Dancing In The Dark de Springsteen, tandis que Life To Come évoque davantage le rock poignant du U2 de 84-87, des références élogieuses mais qui n’empêchent évidemment pas le groupe d’avoir sa personnalité!
Et quand le côté electro/synthpop prend le dessus, on oscille entre un Rut très teinté de pop moderne bien que baignant dans l’ambiance heartland épique tipique du groupe, et un Out Of My Mind nettement plus années 80, on pense à nouveau au versant pop de The Cure mais les Killers se l’approprient à merveille et offrent à nouveau une belle gamme de mélodies charmeuses. Le stile plus aérien du morceau d’ouverture refait également surface sur Some Kind Of Love, ainsi que sur le splendide final Have All The Songs Been Written, un registre dans lequel le groupe se montre tout aussi à l’aise que dans celui des tubes immédiats. Un peu à part dans l’album, The Calling combine à merveille instrumentation électronique et mélodies plus bluesy, rappelant ainsi certains titres des premiers Kasabian, là encore le groupe exploite sa capacité à pondre des refrains mémorables et ça marche!
Si les ingrédients ne changent pas vraiment au fil des années, les Killers parviennent à nouveau à faire mouche avec un Wonderful Wonderful superbement inspiré. Le mélange heartland rock et post-punk est plus abouti que jamais, tandis que les côtés pop immédiats amplifient l’accroche des morceaux pour un résultat proprement irrésistible, fidèle à ses racines tout en sonnant très actuel!
L’album sera chaleureusement accueilli aussi bien par la critique que le public, certains s’accordant même à dire que Wonderful Wonderful serait le meilleur album des Killers. S’il ne peut forcément pas avoir le même effet de surprise d’un Hot Fuss ou d’un Sam’s Town, on ne peut pas nier que ses qualités en font l’un des meilleurs candidats pour troner sur la discografie du groupe, qui on l’espère sera enrichie de nombreuses autres perles dans les années à venir!